Voici le début de cette histoire :
Samira se leva en silence. Sortit de la maison endormie. Longea l’enclos des chèvres. Glissa une main sous une pierre. En retira un paquet. Celui du frère aîné. La pierre choisie par lui. Un dernier regard sur la ferme. Les bêtes. La maison. Le dos tourné aux souvenirs. Deux nuits et deux jours de marche. Derrière elle, le passé. Devant, le futur Eldorado. Son étoile la protégeait. Sur son ventre, sa main comme signe d’assurance. Tout allait bien se passer. Elle allait se laisser guider par cette petite graine en elle.
Du haut de l’escalier d’embarquement, elle sourit. L’Eldorado. Elle y était. Derrière elle, les lettres « Air Maroc » étaient le dernier lien à rompre. Un vol tranquille hormis quelques nausées.
Quel périple depuis cette fameuse nuit !
Carmelo VIRONE , Nous irons là , M.E.O., 2025, 136 p., 16 € / ePub : 9,49 € , ISBN : 978-2-8070-0507-5Quelques…
Monsieur Satie : L'homme qui avait un petit piano dans la tête
Pour découvrir l'oeuvre d'Erik Satie à travers une histoire et des extraits des plus célèbres pièces du compositeur. Mélancolique et triste à souhait, cet album-CD n’en est pas moins magnifique. Parler d’Erik Satie - le solitaire, le marginal, l’excentrique souvent incompris -impliquait un ton décalé, gentiment moqueur et grinçant, que rend très bien la voix du récitant François Morel (qui doit sa célébrité, rappelons-le, à l’émission télévisée des Deschiens sur Canal +). Ce n’est pas une araignée au plafond mais juste un petit piano que Monsieur Satie a dans la tête. Les notes de musique y trottent, y vagabondent sans relâche. Il est audacieux, anticonformiste, se moque du wagnérisme et des vaniteux. De son cœur s’échappent des mélodies simples pour rêveurs et poètes, un public qui lui ressemble. « Monsieur Satie parle parfois à la lune. » Et parfois aussi, « Monsieur Satie met son smoking pour écrire une partition. » Il compose, explore, mélange les genres au risque d’être méprisé. Certains l’admirent cependant, comme Cocteau ou Picasso. L’illustratrice Elodie Nouhen évoque bien l’esprit des surréalistes et la solitude du petit monsieur perdu dans le tourbillon des notes. Touches de piano, métronome, partitions…sont surdimensionnés par rapport au musicien qui ne semble pas plus haut que trois chapeaux. Ce que Raymond Lulle appelait « la tristesse par surabondance de pensée » s’applique…