Bird et le mage Chô

À PROPOS DE L'AUTRICE
Annie Préaux

Autrice de Bird et le mage Chô

Romaniste de formation, Annie Préaux est autrice et animatrice d’ateliers d’écriture. Elle a également fondé la Compagnie du p'tit Thomas avec laquelle elle a fait du théâtre-forum pendant une dizaine d'années.
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Sandrine se réveille un matin dans sa maison d’enfance où trônent les objets et les meubles d’un autre. Que s’est-il passé cette nuit-là ? Après avoir appris brutalement son licenciement et avoir noyé son chagrin et son incompréhension dans des litres d’alcool, Sandrine a atterri devant son ancienne porte, en pleurant, frappant et appelant son défunt père. Le nouvel occupant, Jean-Marc, l’a recueillie chez lui et touché par sa détresse, lui a prodigué des soins. Le lendemain, il la laisse repartir, non sans regret. Une fascination le prend tout d’un coup pour Sandrine qui ressemble à s’y tromper à Bird, l’héroïne de son roman préféré, Le baiser cannibale. Il sent qu’il a besoin d’elle pour écrire à son tour le roman dont il a toujours rêvé,…


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La lecture des premières lignes du nouveau roman de Sylvie Godefroid nous plonge dans l’univers profondément cruel où Hope a grandi. Elle est née avec une neurofibromatose de type 1, entendez une tumeur inopérable qui lui « bouffe » le visage et effraie les regards qui se posent sur elle. Hope a été abandonnée par ses parents et n’a pas reçu d’affection. Elle n’en ressent pas pour elle ou pour le genre humain. Pétrie par la haine et le mépris qu’elle éprouve pour elle-même et pour les autres, elle a décidé de se suicider le jour de ses quarante-et-un ans, en tuant dans la foulée dix personnes de son choix. Présentée comme ça, l’héroïne peut susciter le rejet du lecteur, mais c’est sans compter sur la finesse de l’auteure qui nous invite à comprendre comment Hope en est arrivée là. J’ai grandi comme une mauvaise herbe dans le jardin d’une humanité qui n’avait pas de place pour ma singularité, j’ai courbé l’échine, recroquevillé la tête dans les épaules, baissé les yeux au sol qui rougissait rien qu’à croiser mon regard d’animal sauvage. Personne n’est outillé pour endurer ce que j’ai traversé. […] Eh non, la maturité n’aide pas à mieux gérer le rejet universel. On ne s’habitue jamais. On vous ment quand on vous dit qu’avec le temps, tout s’en va. Foutaise ! Avec le temps, ce qui fait mal fait encore plus mal. Votre regard appuyé, votre souffle dégoûté me transpercent toujours la poitrine au quotidien. N’importe qui en deviendrait mauvais […] La vie m’a tuée. Je suis morte de n’avoir pas su vivre. Le récit est présenté comme le journal intime de Hope. Dans le premier chapitre, celle-ci nous présente un bref résumé de sa vie, puis son projet de suicide aux accents terroristes. Dans chaque chapitre suivant, elle présente tour à tour les dix personnes qu’elle a sélectionnées pour les emmener avec elle le jour de ses quarante-et-un ans. On pourrait s’attendre à ce qu’elle choisisse des personnes mauvaises, qui ont accompli des actions peu honnêtes, mais non, Hope choisit des personnes comme vous et moi, des personnes imparfaites, avec leurs qualités, mais aussi leurs lâchetés, leurs regrets et leurs blessures.…

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