Les babioles vont en groupes, en bans, en boîtes de douze.
Elles nichent dans les tiroirs, les fonds de poches, les poches de sacs, de sacs à chats dedans. Elles font le lit des souvenirs. Elles ne sont rien par elles-mêmes et tout pourtant.
On ne peut pas s’en séparer, quand bien même elles ne servent à rien, elles n’ont jamais commis cette erreur de servir, mais comment jeter le ticket du spectacle où on l’a rencontrée, elle ? Comment se débarrasser de l’itinéraire de cette fête qu’on n’a jamais trouvée ? De ce numéro qu’il aurait fallu appeler, il y a dix ans ? De ce stylo séché, médiocre, qui fut l’ancêtre de tous les autres ?
Les babioles vivent leur vie propre, sous-marine, à la crête de l’invisible, à l’orée des nostalgies, presque audibles mais d’une voix si fluette que le monde serait tenté de les oublier.
Et cela, il n’en est pas question !