Les babioles vont en groupes, en bans, en boîtes de douze.
Elles nichent dans les tiroirs, les fonds de poches, les poches de sacs, de sacs à chats dedans. Elles font le lit des souvenirs. Elles ne sont rien par elles-mêmes et tout pourtant.
On ne peut pas s’en séparer, quand bien même elles ne servent à rien, elles n’ont jamais commis cette erreur de servir, mais comment jeter le ticket du spectacle où on l’a rencontrée, elle ? Comment se débarrasser de l’itinéraire de cette fête qu’on n’a jamais trouvée ? De ce numéro qu’il aurait fallu appeler, il y a dix ans ? De ce stylo séché, médiocre, qui fut l’ancêtre de tous les autres ?
Les babioles vivent leur vie propre, sous-marine, à la crête de l’invisible, à l’orée des nostalgies, presque audibles mais d’une voix si fluette que le monde serait tenté de les oublier.
Et cela, il n’en est pas question !
Auteur de Babioles
La chronique est un art de la mesure libre, de la pondération, elle doit piquer notre œil, le mettre en tension, ébruiter les sons vagues qui nous entourent généralement et forcer la porte de ce qui nous entoure et à quoi nous prêtons peu d’attention, puisque la vitesse et même l’urgence permanente ont emballé le monde dans une course dans le vide cybernétique. La chronique souhaite faire entendre du monde, non sa vaste complexité, mais l’épaisseur de celle-ci à travers un prélèvement, une sorte de micro-instant saisi par l’écriture. Dès lors, le chroniqueur enverrait aux lecteurs des sondes issus d’une singulière perception du jeu des apparentes évidences.Et Christophe Kaufmann, avec son brillant livre Babioles,…