Arpentant les rues de Bruxelles, du centre-ville à ses périphéries, plus de trente plantes communes peuvent être identifiées. Ces adventices, ces plantes qui n’ont pas été semées par l’homme, font partie de nos quotidiens, de nos paysages, est de nos histoires. Pour chacune d’elle, une dizaine de noms vernaculaires sont à dénoncer dans les divers idiomes savants et dialectes franciophones. En explorant ces noms, leurs évocations, mais également en creusant dans les herbiers, les encyclopédies et les guides botaniques, une multitude de mondes et d’imaginaires émergent de ces plantes qui nous côtoient depuis bien longtemps.
Fruit d’un long travail d’observation et de recherche, cet atlas ne se conçoit pas comme une somme académique, exhaustive et par trop systématique pour (re)découvrir ces voisines de nos existences. Au contraire, suivant le patronage de Georges Perrec, les deux auteurs se sont permis d’aller à la découverte de l’infra-ordinaire. C’est-à-dire de ces mondes qui existent sous nos pieds et qu’aucun roman d’aventure, aucun Jules Vernes ou Robert Louis Stevenson, n’ont pensé à transformer en protagonistes digne d’intérêt. Ouvrant la porte du mystérieux, de la co-occurence et de l’énumération, les deux auteurs mêlent au contraire l’érudition et le folklore, l’humour, le magique et la botanique à un travail d’illustration riche et envoûtant. Chaque plante est laissée à son ambivalence, mais également à toutes ces histoires qu’elles permettent de raconter sur les étranges bipèdes que nous sommes.
Olivia MOLNAR et Aldwin RAOUL, Atlas des plantes de mauvaise vie, Hélice Hélas, 2023, 72 p., 24 €, ISBN : 9782940700264L’Atlas des plantes de mauvaise vie est présenté comme un « herbier de l’infra-ordinaire » en écho au travail de Georges Perec. 31 plantes vernaculaires s’y déploient, ayant en commun la particularité de grandir à l’état sauvage dans les rues de Bruxelles, mais aussi partout dans les villes du Nord de l’Europe. Elles sur-vivent entre les pavés, dans les anfractuosités des trottoirs, sous le béton qui, banalement, nous encercle de toute part. En prenant le temps de s’arrêter sur leurs existences, les artistes Olivia Mornar et Aldwin Raoul s’attèlent à montrer la richesse…