J’ai une excuse, pourtant, à mon aveuglement. La dernière fois que je t’ai vu, tes ramures n’avaient pas encore poussé. Elles ont aujourd’hui six cors, faut-il croire que tant d’années soient passées. Et que soit revenu le printemps, qu’on ne pourra pas vivre ensemble. Les dieux sont imprécis à mesurer le temps ; je sais cependant qu’à chaque hiver vos cornes tombent, comme des branches mortes, mais si grandes qu’on dirait un tronc qui craque, un arbre qui s’écroule, et puis ça repousse, chaque fois plus grand, comme un bourgeon qui n’en finirait pas de grossir, et ne voudrait pas devenir fleur. Tes bois ressemblaient trop à une renaissance, tu vois, je m’y suis trompée, j’ai cru que toi aussi, tu étais immortel.
Auteur de Les petits dieux : Artémis et le cerf
Sandrine Willems est née à Bruxelles en 1968. Ayant commencé très jeune un parcours de comédienne, elle entreprend ensuite des études de philosophie, qui s’achèvent par une thèse de doctorat sur Georges Bataille. Une licence d’études théâtrales à Strasbourg la ramène alors au théâtre par la mise en scène. Elle réalise ensuite, pour le cinéma et la télévision, plusieurs courts et moyens métrages, ainsi que des documentaires musicaux. Enfin, l’écriture de scénarios l’ayant conduite à la littérature, c’est à celle-ci qu’elle se consacre depuis quelques années.
Le mot de l’éditeur : Un très beau recueil du poète-éditeur des Carnets du Dessert…
Dans "Les Morts rigolos", on ne doute de rien : un type y raconte sa vie à partir d'une blague tout…