Anthologie personnelle 1947-1997

RÉSUMÉ
Rassemble la quintessence d’une poésie avant tout dévolue à l’objet, au geste, à la circonstance, à l’instant, au plaisir, à la fidélité. Comme Lucienne Desnoues l’écrit dans la préface de l’ouvrage : « N’est-ce pas une façon d’être de son temps que de le regarder, ce temps, droit dans les yeux en enfreignant ses impératifs? Et de célébrer, selon des recettes ancestrales, le silence, la lenteur… »
À PROPOS DE L'AUTRICE
Lucienne Desnoues

Autrice de Anthologie personnelle 1947-1997

Lucienne Dietsch est née le 16 mars 1921 à Saint Gratien, petit village de la banlieu du  Nord de Paris, où ses parents étaient cultivateurs. De vieille souche paysanne et artisane, elle est la petite-nièce du forgeron Desnoues qu'Alain Fournier a évoqué dans Le Grand Meaulnes. L'atmosphère rurale, le contact intime et quotidien avec la terre, le rythme des travaux et des jours, marqueront son imaginaire et nourriront ses premiers chants, ainsi que les poèmes appris à l'école, et deux "coups de foudre éblouissants" : la lecture de Rimbaud et Giono. À 17 ans, elle est contrainte d'aller gagner sa vie à Paris comme secrétaire d'un avocat. Elle écrit déjà des poèmes dans lesquels s'expriment sa soif intense de liberté, de fusion avec le monde naturel, et son attachement à ses racines terriennes. Elle est encouragée d'abord par Charles Vildrac, qui préface son premier recueil, Jardin délivré, puis par Colette, Léon-Paul Fargue, Supervielle et Giono, qui saluent en elle un grand poète lyrique. Elle épouse en 1947 Jean Mogin, poète et dramaturge belge, fils du poète Norge, qui deviendra le compagnon bien-aimé de toute sa vie, et dont elle aura deux filles : Isabelle et Sylvie. Elle s'installe à Bruxelles tout en gardant sa nationalité française ; son pseudonyme, Desnoues, nom de jeune fille de sa mère, témoigne de l'amour qu'elle lui a porté et de ses attaches avec le Berry, pays de lignée maternelle, où "noues" signifie "pré marécageux". À partir de 1952, année où parait Les Racines (prix René Vivien), Lucienne Desnoues publie régulièrement des recueils de poèmes fidèles à son aspiration initiale: La fraîche (1958, prix Gérard de Nerval), Les Ors (1966), la Plume d'oie (1971), Le Compotier (1982), Quatrains pour crier avec les hiboux (1984). Et aussi des textes en porse : L'Oeuf de terre (1978, Prix de la littérature gastronomique), L'Orgue sauvage et autres contes de Noël (1980).En 1951, elle découvre avec émerveillement la Haute-Provence, grâce au poète Lucien Jacques, le meilleur ami de Giono, qui lui offre une vieille maison à Montjustin, où elle passe désormais toutes ses vacances familiales. En 1956, après le décès de Jean Mogin, elle s'y installe définitivement et continue à écrire, insoucieuse de toutes les modes, de tous les conformismes : Dans l'éclair d'une truite (1991), Fantaisies autour du trèfle (1992), L'Herbier naïf (1994), Un obscur Paradis (1998). La même année elle compose son Anthologie personnelle, mêlant des poèmes anciens et inédits. Le 4 août 2004, elle décède à Montjustin. Elle y repose aux côtés de son époux. Toute sa vie, elle aura tenté par la poésie de "prolonger le furtif par l'écrit", de célébrer l'éternel et le sacré dans le plus humble quotidien, en puisant aux sources vives du langage et du monde.


AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:xfirstword - "Anthologie personnelle 1947-1997"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9294 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Sodome et grammaire

"Ou Sodome et Grosso Modo si l'on préfère ! Nous sommes…

La poésie francophone de Belgique (Tome I) (1804-1884)

Il est salutaire, pensons-nous, de refaire le bilan d'une poésie nationale, à chaque génération. Les goûts changent, les…

Slam femme & autres textes

Laurent Demoulin (1966) a étudié à l’université de Liège, où il a reçu les enseignements de Jacques Dubois et de Jean-Marie Klinkenberg. Il y enseigne aujourd’hui. Son premier roman, Robinson , obtint le prix Victor-Rossel 2017. Son frère, le peintre Antoine Demoulin , dit Demant, illustre le présent recueil. Il avait déjà publié d’autres dessins en frontispice d’autres recueils : Filiation , Même mort , Palimpseste insistant et l’édition revue et largement augmentée d’ Ulysse Lumumba . Les deux frères avaient aussi publié une œuvre singulière à quatre mains, Homo saltans , où le texte et l’image s’entrelacent en un pas de deux très réussi. «  Rien de plus déprimant que d’imaginer le Texte comme un objet intellectuel (…). Le Texte est objet de plaisir  » écrivait Roland Barthes . Ce Bookleg de Laurent Demoulin recèle, dans son apparente diversité, de nombreux plaisirs stylistiques. Le choix des textes ne retient que des pièces destinées à être lues à haute voix. Slam femme est donc la juxtaposition d’une forme et d’un thème : la narration scandée librement, de manière rythmée, avec pour personnage central Greta Thunberg, jeune autiste Asperger et militante écologique. L’autisme, thème central de son remarquable roman Robinson , est donc une fois de plus présent chez l’auteur dans ces poèmes sous forme imprimée de textes destinés d’abord à l’oralité :(…) Ta pure volonté oui-autiste et sévèreQue tu deviens persona non grataChez les gris grisonnants qui méprisent le vert,Mais pour nous Great Greta, à jamais et basta !Tu es persona Greta (…)Que ce soit dans le domaine thématique ou stylistique, Slam femme & autres textes n’est pourtant ni disparate ni réducteur. Car la thématique de l’autisme pose une série de questions ayant trait à nos rapports au monde et aux autres.Utilisant la rime et les formes de manière à la fois classique et assez libre, avec des pastiches  empruntés à l’histoire de la poésie française, de la Renaissance à l’Oulipo et à la chanson contemporaine, Demoulin joue avec la langue et les images, la syntaxe et le vocabulaire, manie l’humour et le double sens, comme avant lui, celui qui, le premier, fit du slam à Liège : Jacques Bernimolin (1923-1995), auquel Demoulin consacra une belle approche critique . À propos de ce poète atypique, Izoard disait : «  Jeux de mots, calembours, cut-up, détournement de sens, faux lyrisme, humour décapant, sentimentalisme à rebrousse-poil, voilà quelques-uns des procédés utilisés par ce poète à la fois tendre et doux-amer  ». Malgré leurs différences, les manières d’écrire, chez Bernimolin et Demoulin, font indubitablement partie de la même parentèle. Mais derrière le ludisme des formes, on perçoit la gravité des interrogations : Bernimolin aborde des atmosphères oniriques et parfois angoissantes, Demoulin traite de problématiques sociétales qui bouleversent notre civilisation et n’ont rien d’apaisant : la violence, envers la Nature, les femmes, l’être humain comme l’interrogation de nos identités et modes de vie y sont présentes.Un autre type de violence est celui qui réside dans tout type d’incommunicabilité. Sur ce plan, l’autisme est exemplaire. À propos du roman Robinson , J.P. Lebrun écrit  : «  La pertinence clinique de ce véritable travail d’écriture auquel s’est tenu Laurent Demoulin tient précisément dans ce qu’il nous fait partager ce à quoi Robinson n’accède pas, à savoir ce qu’implique ce que l’auteur appelle « la quatrième dimension – celle du langage – dans laquelle il est si douloureux d’entrer – car on y rencontre le mot ‘mort’ et le mot ‘jamais’ – et dont il est impossible de sortir «  . Tout dans la description particulièrement fine de cette co-vivance entre père et fils, tout vient nous rappeler que n’a pas pu prendre place entre eux ce lien via le langage articulé qui définit notre espèce. » C’est pourtant dans cette coexistence entre le Livre et une autre écriture (l’écriture de l’Autre) , pour le dire comme Barthes, que survient la possibilité d’une compréhension des fragments réciproques de nos quotidiennetés et donc un désamorçage de la violence. Cette problématique est particulièrement sensible dans un poème comme « Minimum minimorum  » et la série intitulée « Poèmes que je n’écrirai qu’une seule fois ».Au-delà de l’éblouissante virtuosité verbale de Demoulin, son inventivité, ses traits ludiques, sa capacité de mise à distance et son oralité, on sera attentif à la dramaturgie de l’être humain, à ses silences, ses murs intérieurs, ses souffrances et à la violence innée qui l’habite, aux peurs qui déterminent ses rapports aux autres et au monde…                                                                     …