Lorsqu’un poète meurt, on court toujours après quelque chose à dire qui semble devoir s’assoupir dans la poussière de notre propre oubli, déjà proche, inquiétant d’indifférence. On se dépêche, on encense, on polit. Comme si l’homme, en s’éteignant perdait sa complexité, plus vulnérable sans droit de répartie. Plus juste parce que mort ? Comme si les mots qu’il avait désormais laissés ne suffisaient plus. En leur présence, malgré elle, nous sommes gagnés par le vide : « Parfois quelque chose de nous / survit dans quelqu’un qui nous aime :/en lui se tient le champ de notre éternité. » XXX Le Parfois qui ouvre ce poème d’André Romus donne le ton. Le quelque chose situe la poésie à sa juste place, celle du doute, du presque rien qui peut toujours s’éteindre. C’est peut-être autre chose qui restera — un geste, une odeur, un rire — lorsque l’homme ne sera plus là pour incarner ses livres, donner le change à l’effervescence…
Auteur de André Romus, 1928-2015 (Hommage)
Aspects inconnus et méconnus de la contrefaçon en Belgique
À propos du livre La contrefaçon belge des livres à l'époque romantique est quasiment inconnue. Née au lendemain de la séparation de la Belgique d'avec la France et de son rattachement à la Hollande, poursuivie après l'indépendance belge conquise à la suite de la révolution de 1830, cette industrie colossale, parfaitement licite en raison des législations nationales et internationales d'alors, eut à son actif, sans que leurs auteurs ou leurs ayants droit pussent s'y opposer, la reproduction, la traduction, l'adaptation des ouvrages étrangers, principalement français, qu'ils fussent littéraires, religieux, scientifiques, artistiques, politiques, historiques, militaires, musicaux, ou qu'ils traitassent de cuisine, de jeux de société, de typographie, d'archéologie, etc. Ce sont toutes les facettes de la «contrefaçon» belge que recense ce livre, divisé en une introduction, vingt chapitres abondamment illustrés de catalogues et de textes publicitaires d'époque, et trois annexes. Compte tenu de l'importance capitale du sujet, cet ouvrage interpellera tant le monde de la librairie que celui des bibliophiles, des bibliographes, des philologues, des économistes, des juristes, des scientifiques, des sociologues, des chercheurs, enfin : de tous ceux qui, de près ou de loin, érudits ou néophytes, s'intéressent au romantisme et à la Belgique de 1814 à 1855, lorsque ses éditions, souvent très soignées et vendues à des prix défiant toute concurrence, étaient répandues dans le monde entier et y propageaient les langues étrangères, au premier rang desquelles figure le français. L'auteur étudie depuis 1973 cet inépuisable et passionnant sujet, auquel il a déjà consacré dans le Bulletin de l'Académie royale de langue et de littérature françaises trois études. Son livre, le premier à traiter de façon globale de la contrefaçon belge, est la somme de ces années…