L’art de Pierre Blondel entrouvre un espace intermédiaire entre réalité et fiction, d’une séduisante et étrange familiarité construite avec des moyens bien maîtrisés qui témoignent de sa double situation d’écrivain et d’architecte. Ses nouvelles se déploient dans les voisinages de ses futurs bâtiments, imaginés et pas encore construits. Le lecteur sera témoin du regard vif de l’architecte qui prend acte des permanences et transitions de la ville : la vie qui se répète mais qui, en laissant ses traces, construit le paysage des futures générations ; le désir difficile de l’individu de comprendre son identité à travers son histoire familiale, superposée aux lieux et à la société qui changent sans cesse autour de soi ; la ville elle-même qui est en devenir permanent sans oublier le passé quand l’urbain n’avait pas encore perdu le terrain vague, végétalisé, paradis des découvertes de l’enfance ; les difficiles rencontres entre périphérie et centre, entre vieux habitants et nouveaux immigrés. Tous ces thèmes qui sont articulés dans les deux narrations en faisant appel à une sorte d’ironie de détective qui surprendra le lecteur, confèrent la familière sensation d’une prochaine nostalgie propre à la vie urbaine.
Stefan Simion
Architecte, ayant à son actif de nombreux logements sociaux à Bruxelles, enseignant à l’École d’Architecture de La Cambre, Pierre Blondel agence deux nouvelles qui, réunies sous le titre Anderlecht-Molenbeek, interrogent son métier, les intrications sociales qui nouent architecture, urbanisme, politique, économie, gestion de l’espace et poésie urbaine. Articulées autour de deux projets immobiliers réalisés par l’auteur et ses collaborateurs dans ces deux communes de Bruxelles (la maison communale à Molenbeek, le complexe de logements, de crèche, de restaurant social à Anderlecht), les nouvelles L’un et l’autre et Sur la route de Lennik interrogent l’imaginaire des lieux, l’évolution des paysages, des styles,…
Architecte, ayant à son actif de nombreux logements sociaux à Bruxelles, enseignant…