Je ne possède du ciel qu’une confuse idée. Il parait qu’il est bleu, gris, ou nacré. Il parait que le ciel donne le jour, qu’il est le principe de toute activité. Le ciel, m’a-t-on dit, est le père lumineux de toute forme de vie, et le soleil y délivre ses idées. Des étendues d’herbe verte, des fruits, des animaux, le farouche courant de l’eau, voilà ce qu’est le ciel. Il parait que c’est très beau.
C’est possible. Je ne sais pas. Je suis né en ville, et ne vis que la nuit. Je ne connais que le ciel menaçant, noir, fou des nuits citadines. Celui qui crie à l’aide, celui dans lequel on s’oublie. Ma vie ne fut qu’un long prolongement d’ombres dansantes et de lampadaires impuissants. Dans les villes, il n’y a ni couleurs ni saisons. Rien que le long et pénétrant gris-noir du béton. J’y ai appris le goût de la nuance, et à écouter les menus bruits qui percent le silence. L’espace y est cotonneux, les angles, moins tranchants. Tout est…
Paris , ville lumière ! Où fait-il bon même au cœur de l’orage (Louis Aragon) Je t’écris/…