Et c’est cette atmosphère à la fois irréelle et détestablement réelle qui fait l’époque actuelle. Passants, si vous voulez survivre, traversez-la un mouchoir sur le nez. XX
Révolte juvénile. Qu’en est-il, aujourd’hui, de ce mouvement, de cet amour? Disons quelque chose de ce qui reste de ce qu’on nous en a dit : du gauchisme, des fleurs. Plus beaucoup à ronger, sur cet os à moelle vieilli… sinon, la haine du pouvoir. Je veux dire, une certaine poésie. Et sa récupération mauvaise. Sur les murs de la ville. On ne cesse de nous repeindre la façade. Des chantiers, des trous et des grues, c’est violent à la fin tout ce bruit. Ce boucan terrible. Une capitale qui s’étend sur toute la planète, détruisant nos mémoires, nous laissant orphelins. Plus beaucoup de sable, parce que plus tellement de pavés. Qui, d’ailleurs, nous? C’était tout le problème. En fait, un mauvais rêve. Une voix. Des voix! Irréductibles tissus de secrets à ciel…
« Que pouvons-nous encore penser du théâtre et de ses pouvoirs, dès lors que l’on accepte que l’essentiel…
Les Cultures de la Belgique, vues par le réseau français au Maroc
Au Maroc, le réseau culturel français, animé d’une curiosité, voire d’une sympathie active pour la production belge (culturelle, éducative et linguistique) – surtout si elle garde le label belge –, a généré une reconnaissance diffuse de la « mode belge ». Le désir est bien là, de la valoriser dans les Instituts français, sans se l’approprier, en respectant son autonomie par rapport à la production française. Si la production se présente sous un label communautaire, c’est la production flamande qui recueille le plus de suffrage, conformément au principe d’empathie exotique qui veut que l’on accorde plus d’égard à ce qui vous ressemble le moins. La Francophonie, en tant qu’entité politique, ne bénéficie pas du même crédit. Certains responsables français n’hésitent pas, en réunion multilatérale, à se demander « ce que ce concept veut dire ». Ils prennent alors un ton incrédule, voire moqueur, et se lancent dans de longs questionnements sur la « littérature-monde ». D’autres toutefois, moins nombreux, adhèrent pleinement à l’entité multilatérale francophone et comprennent l’intérêt de se présenter – fût-ce une semaine par an – sous cette bannière, qui rassemble tout de même 200 millions de locuteurs. Et qui offre un bassin d’emplois attractif à ceux qui décident de se perfectionner dans cette langue. Dans les réunions multilatérales où se prépare la Journée internationale de la Francophonie, seuls les Belges et les Québécois valorisent une optique plus ludique, valorisant la créativité au risque de quelques entorses à la régularité de la langue. Sont alors proposés, parmi les poètes à faire découvrir aux étudiants maghrébins, les noms de Jean-Pierre Verheggen ou Robert Charlebois. La créativité que l’on s’autorise au Sénégal ou en Belgique par rapport à la langue convenue, apparaît souvent comme la première découverte de la liberté aux yeux des responsables locaux, formatés à la « langue unique ». C’est donc possible, puisque Sénégalais et Belges le font ! En matière littéraire, les plus novateurs des animateurs français s’autorisent à évoquer le rôle souvent castrateur d’une philosophie normative de la littérature, qui soumet la créativité à une référence centralisée du beau. Dans la foulée, les responsables éducatifs marocains envisageront alors de remplacer la dictée par une incitation à créer un journal d’école où les élèves peuvent exprimer, en français, une approche subjective du monde. Et tous ensemble s’ouvriront à l’idée de voir offrir aux lauréats du concours, à côté du Larousse et du Bescherelle, des chansons de Brel ou des bandes dessinées de Franquin. © Daniel Soil,…