Carl Norac dédie son texte à son « maître à rêver », Barnabus Arnasungaak, un artiste inuit, sculpteur et graveur d’estampes. Cette dédicace ne nous étonne guère. On connaît la fascination du poète pour le Nord extrême, la culture inuit, « la banquise comme une page blanche». À ce propos, nous reviennent en mémoire les titres de deux de ses albums, publiés chez Pastel, Angakkeq la légende de l’oiseau homme et Le sourire de Kiawak. Ils étaient réalisés avec la complicité de Louis Joos. Cette fois ce sont les dessins d’Herbera qui dialoguent avec ses mots. Le premier album de cette artiste – Monsieur Cent Têtes - publié en 2010 chez MeMo, avait reçu à Montreuil le Prix du premier album. On y découvrait cent masques empruntés à cent traditions différentes ! Une douzaine de livres plus tard, la voici qui pénètre, grâce à Sorcière blanche, dans l’univers des inuit. Dans les contes collectés par Knud Radmussen il était question d’une sorcière qui emportait les enfants dans son sac au dos. L’histoire écrite par Carl Norac commence alors que « la vieille dame en blanc » est déjà loin, marchant à grands pas, emportant dans sa hotte la petite Smilla. Peut-être que le shaman pourrait sauver l’enfant. Mais Miki, le père, n’a pas d’argent. Heureusement voici Anuun, le garçon-au-sourire dont tout le monde se moque… La langue de Carl Norac chante et nous tient en haleine. Dédicacés à « tous ceux qui parlent en silence » les peintures et les dessins noir et blanc d’Herbera soutiennent l’enchantement. Décidément, l’éditrice Laurence Nobécourt, à pas de loups déniche des merveilles !
(Maggy Rayet)