Dans le catalogue des peurs de l’enfance, figure en bonne place celle d’être oublié à la garderie lorsque l’école est finie. C’est pourtant ce qui arrive aujourd’hui à Lucy. La nuit va tomber et personne n’est venu la chercher. La petite fille vit seule avec sa maman qui peine à nouer les deux bouts. Une maman aimante mais une maman en guerre permanente avec les montres et les horloges !
A l’avant-plan donc, le couple mère-fille. Une mère pour qui Lucy, « son bol d’air, sa petite lumière dans la nuit » est la raison de vivre. Et une enfant pleine de sagesse qui résiste en s’accrochant à ses rêves. Autour d’eux, comme en résonance, le lecteur est introduit dans l’intimité d’autres personnages – le surveillant, la directrice de l’école, l’inspecteur de police – qui, eux aussi, tentent de « respirer ».
L’écriture théâtrale introduit souvent des éléments originaux par rapport aux autres formes littéraires. Que ce soit dans les thèmes, dans la manière d’aligner les mots, dans le choix de ceux-ci. Il arrive que cette originalité déconcerte. Mais ici l’enchainement des répliques réussit à construire un long texte linéaire. Il doit faire merveille sur scène. Mais en plus, il s’avère particulièrement propice à la lecture.
(Maggy Rayet)