Notre critique de Poèmes pour mieux rêver ensemble


Poèmes-pour-mieux-rêver-ensemble! Chaque mot du titre est essentiel.





"Un livre que nous avons rêvé avec Carl Norac pendant longtemps avant qu'il voie le jour" dit Géraldine Alibeu, dont les illustrations au crayon, en tissu, au feutre et en collage font merveille. "Un recueil de poèmes bienveillants et optimistes pour prendre soin de chacun" dit la maison d'édition. "La bienveillance est un mot un peu galvaudé, mais que j'affectionne et qui peut rimer avec résistance" dit Carl Norac, qui avoue: "C'est un livre qui me tient particulièrement à cœur".





La couverture – irrésistible - évoque le Poème pour donner un baiser. Son histoire trouve sa place tout de suite après À plus d'un titre : "C'est l'histoire d'un petit poème/qui commençait par la fin./Comme un saumon, il a remonté les phrases/sans sortir de la page"… Sur la page de gauche, face aux mots, "pile dans vos yeux", un petit bonhomme se tient en équilibre sur le plus haut barreau d'une échelle posée sur la plus haute marche d'un escalier étroit. On retient son souffle!





Chaque double page est ainsi source de découvertes, en mots et en images, en harmonie ou en contrepoints, mais toujours en connivence. Pas pour nous éloigner du monde. Juste pour nous suggérer de jeter sur lui un nouveau regard – hé oui un regard à la fois bienveillant et résistant! Impossible dans cette succession de tons, de nuances et de facettes de ne pas trouver une double page qui vous parle. Oui, même à vous qui grommelez à mi-voix que les poèmes ne sont plus tendance de nos jours et que par conséquent, comment voulez-vous que les enfants s'appliquent à lire un recueil qui en contient un nombre incalculable? (Incalculable est incorrect, ils sont au total septante et un il me semble). Mais si vous faites partie de ces "boudeurs de l'univers", voyez la page 88. Elle commence ainsi: "Parfois j'entre dans ce livre par la porte arrière, je salue le dernier poème." Elle dit plus loin: "Mais non cela ne le dérange pas :/ un poème se lit où on veut,/ quand on le désire. On le prend souvent au milieu./ On peut danser entre les lignes." Et elle dit encore beaucoup d'autres choses…





La dernière ligne du dernier poème, L'air de rien, prend la forme d'un conseil. C'est même presque une injonction :"N'abandonne jamais tes rêves". En face, la page de droite porte l'image au crayon d'une demoiselle étendue sur un divan les yeux fermés. Entre la première et la dernière page, c'est comme si on était passé de l'instable au stable, sans quitter l'équilibre. (Maggy Rayet)