« Mirolioubov part sans savoir où il va. Pas de plan. Il n’a pas besoin de plan pour se perdre ». Mirolioubov, c’est un étrange bonhomme, deux cheveux, deux points pour les yeux, un gros nez, une silhouette et deux pieds. Son nom est difficilement prononçable et il passe son temps à s’interroger sur les questions existentielles de la vie. Tous les petits évènements du quotidien qui se présentent à lui sont à la fois simples et surprenants. Chaque geste posé est soit un repère ou une quête de sens. « Où est passé le sucre de mon café ? Où disparait l’avion des nuages ? Où sont l’extérieur et l’intérieur ? Peut-on tout à la fois partir et arriver ? » Mirolioubov tente de montrer au lecteur qu’il est tout à fait possible d’avoir sa journée « remplie de rien ». Au gré d’un voyage aller-retour dans la forêt, Mirolioubov en revient-il transformé ? Une façon bien originale d’entrer dans la philosophie.
Dans ce petit livre, chaque proposition de José Parrondo réserve son lot de surprises et d’originalité. L’effet visuel est de première qualité grâce aux couleurs, aux pleins, aux vides, aux courbes et aux traits. Le texte manuscrit permet un véritable échange intimiste entre le personnage et le lecteur. La focalisation externe est une autre façon de produire un effet de point de vue. Le texte pourrait tout aussi bien être transposé en « je » afin de laisser libre cours aux questions qui taraudent tout être humain. Beaucoup de grands auteurs, de Platon à Sartre ou Nietzsche, se sont penchés sur ces questions. José Parrondo prend part à sa manière dans ce débat philosophique : « Prenez l’endroit, mettez-le à l’envers et vous verrez les choses comme Mirolioubov. » (Nathalie Bouillot)