Image de l'oeuvre - Et ici

Notre critique de Et ici

Et ici se feuillette dans la hauteur et s’ouvre comme un chemin à la découverte de ceux qui peuplent les sols, les branches et les airs.

Partant des galeries souterraines, des racines et de la terre, Valentine Laffitte nous invite à prendre de la hauteur au fil des pages pour terminer au-dessus de la canopé. On avance dans le livre comme une loupe à la main, entre les brins d’herbe et les buissons touffus, à la recherche de toutes ces petites bêtes qui grouillent, qui rampent, qui se faufilent, qui grimpent ou qui s’envolent.

Mondes minéral, végétal et animal se mélangent dans un fourmillement vivant qui s’étale là devant nos yeux. Quels sont les cœurs qui battent ici ? Combien de vies contient cette prairie fleurie ? Et ces berges mouillées ?

On tient entre les mains des pages vibrantes et sonores. On entend l’eau qui coule, le bruissement des herbes hautes, le froissement des ailes des papillons et le vent qui siffle en haut des cimes.

À chaque nouvelle lecture, on découvre des éléments qui nous avaient échappés les fois précédentes. Les jeux d’échelle nous questionnent sur le minuscule et le gigantesque. Qui se cache sous les feuillages ? Une fourmi ou un lapin ?  Et moi, quelle est ma place ?

Valentine Laffitte travaille le papier découpé comme on peint. Dans les grands aplats colorés qu’elle prépare, elle sculpte des plumes, le museau d’un faon, les pétales d’une fleur et un rocher à escalader. Elle coupe, elle colle et elle assemble des paysages immenses et des détails infimes. Les textures et les superpositions colorées forment un ensemble luxuriant qu’on ne peut s’empêcher de caresser du bout des doigts. Depuis sa couverture jusqu’à son cœur, ce livre nous plonge dans des tableaux foisonnants de vies et questionne les imbrications de celles-ci, les unes dans les autres.

Et ici est à glisser entre les mains des enfants curieux qui aiment observer et contempler. Pour les explorateurs en herbe qui aiment fouiller, chercher la petite bête ou qui marchent le nez en l’air. Un livre pour donner envie de partir à l’aventure dans les grands espaces ou dans son jardin, de repérer les nids d’oiseaux au sommet des branches, de faire des barrages dans l’eau avec des cailloux, ou de gratter la terre pour déterrer des coquilles.

Pour comprendre la nature, les cycles qui la composent, ceux qui y habitent et pour pouvoir y trouver sa juste place, en symbiose.

Pauline Rivière