Notre critique de Anta (volume 1) : Les voix de l'océan

Anta est née en Belgique d’une mère sénégalaise et d’un père belge. Quand elle a 10 ans, la famille, qui compte aussi Ouley sa petite sœur, part s’installer au Sénégal. Saison des pluies, nouvelle maison, nouvelle faune, nouveau quartier de Santhiaba sur l’île de St Louis, nouveaux voisins - Fatou, Moussa et leur tortue Conan -, nouvelles pratiques sociales, culturelles, alimentaires… chaque sortie est pour Anta l’occasion de se familiariser avec le mode de vie et les habitudes du pays où sa mère est née et qui est aussi le sien.

Pour occuper son temps et parer à l’inquiétude de la rentrée des classes toute proche, Fatou et Moussa guident Anta dans le quartier. Ils lui présentent les tontons pêcheurs, peintres ou charpentiers, et sans le savoir l’emmènent vivre une expérience initiatique. Alors qu’ils tentent de secourir en mer deux garçons et un veau à la dérive sur une pirogue, les enfants rencontrent Mame Comba Bang, le génie protecteur de la ville de St Louis. Celui-ci leur apparait sous les traits d’une sirène qui les invite à penser le rapport contradictoire que les humains ont avec la mer : ils demandent sa protection au moyen d’offrandes mais la pillent et la salissent dans un même temps.

Dans cette BD d’atmosphère, les couleurs vibrantes et le dessin de Gaspard Thalmasse s’adressent aux sens, invitent à ressentir autant qu’à comprendre : le Sénégal y est incarné autant que raconté. Les jeunes lecteurs et lectrices partent ainsi à la rencontre de ce pays au rythme d’Anta, avec le même étonnement, suscitant la même curiosité, la même réjouissance.

Sur fond de conte écologique, Anaëlle Hermans, Nour Diop et Gaspard Thalmasse, invitent à vivre une aventure du quotidien à hauteur d’enfant. Débrouillardise, solidarité et aventure tissent ce récit qui invite à des questionnements auxquels les pages documentaires en fin de livre viennent répondre de manière judicieuse.

Maintenant que le décor est posé et que les présentations sont faites, il ne reste qu’à patienter est à espérer que les tomes à venir approfondiront la rencontre d’Anta avec le Sénégal, déploieront de nouvelles aventures qui font grandir : riches en découvertes et suscitant le questionnement.

Coraline Gaye