En juin 2019 s’est éteinte une voix discrète mais combien sensible et originale, celle de Yun Sun Limet, trop tôt disparue. Elle laisse une œuvre de textes forts qu’on aurait aimé voir prolongée encore.
Le lecteur est d’abord séduit par la capacité de l’autrice à créer des personnages attachants, dont elle montre les espoirs mais aussi les failles et le mal de vivre. Ses textes ont une forte charge émotionnelle et elle parvient à susciter chez le lecteur une empathie pour ces personnages frappés par les drames de la vie.
Le premier roman, Les candidats, en offre déjà un bel exemple, qui décrit le drame de la mort des parents pour deux tout jeunes enfants. Leurs parents avaient pris la précaution de demander,…
Voici dans cette rentrée littéraire un premier roman qui fait surface pour la troisième fois. Édité en 2004 à La Martinière, puis l’année suivante chez Points en poche et épuisé, prix de la première œuvre de la Communauté française en 2004, Les Candidats est aujourd’hui réédité par Espace Nord – what else. De son autrice, on connaît aussi 1993 (éd. La rue de Russie), Joseph (La Différence, finaliste du Rossel en 2012) ou encore Cioran et ses contemporains (essai qu’elle a codirigé avec Pierre-Emmanuel Dauzat chez Pierre-Guillaume de Roux). La toute fraîche publication dans la collection patrimoniale offre une occasion en or de se replonger dans les paysages mentaux, dans les accords désaccordés – ou les désaccords accordés, ça marche aussi – de Yun Sun…
Sobrement intitulée 1993, cette longue confidence de femme, tout individuelle qu’elle soit, dans le ressenti et sa communication, dans la réticence elle-même, est une trace d’Histoire. Ces « cahiers », en effet, ressortiraient à la discipline récente de l’histoire de la vie privée s’ils n’étaient de fiction. Mais le sont-ils totalement, alors que le mot roman n’est avancé qu’à la page de titre ? Peu importe d’ailleurs, l’essentiel est qu’ils parlent vrai. D’emblée, le texte nous fait pénétrer dans l’intériorité d’une réflexion, peut-être en cours depuis longtemps, comme le laisse pressentir la première phrase : « Je n’ai toujours pas trouvé de sens à ma vie ». Le ton aussi, traduit trahit la pensée ou la parole pour soi : avec ses hésitations,…
Intéressant projet que celui de la collection « Tibi », lancée par les éditions des Belles Lettres : elle vise à proposer des ouvrages de réflexion, de formes variées, mais toujours brèves, et « inspiré[e]s par les maîtres du billet d’humeur, les Anciens », sur des sujets quotidiens, avec le souci constant de rester accessible à un large public.
À l’inverse de ce que son titre, d’une pompe parodique, laisse présager, le dernier ouvrage de Yun Sun Limet, De la Vie en général & du Travail en particulier, embrasse parfaitement les objectifs de la collection qui l’accueille. En fait de forme, l’auteure de Joseph a choisi pour son court essai l’autofiction épistolaire 2.0 : depuis l’hôpital où elle se fait soigner pour une maladie grave, « ysl » envoie…
Maurice Blanchot : un nom familier dans l’univers des lettres, mais un écrivain dont l’œuvre est souvent méconnue ou oubliée. Œuvre romanesque, mais aussi et surtout œuvre de critique et de réflexion sur la littérature. C’est à ce dernier aspect que s’attache précisément l’essai de Yun Sun Limet. Docteur ès lettres, cette native de Séoul, mais de nationalité belge, a enseigné aux universités de Paris 8 et de Louvain. Également romancière, elle travaille aujourd’hui dans l’édition.
Né en 1907, Blanchot a vu sa réputation largement compromise depuis une trentaine d’années, lorsque l’on a voulu mettre plus en lumière son passé de jeune journaliste collaborant dans les années 1930 à plusieurs journaux et revues de droite (parfois extrême),…
Yun Sun Limet fait une pause fictionnelle et explore son passé d’enfant « arrivée » d’un pays lointain dans une famille qu’elle a faite sienne au point d’en adopter les ancêtres. Car c’est de racines familiales qu’elle parle dans ce roman dont le personnage principal est un oncle prénommé Joseph qu’elle n’a jamais connu.
Mais avant d’en venir à lui, elle plonge dans la mémoire d’une région, la Famenne, et prend le temps de reconstituer l’ambiance d’une époque, celle de l’immédiat après-guerre. Elle dit la prégnance de la religion catholique, de la séparation entre garçons et filles, les jeux simples au grand air, le rituel de passage du service militaire, l’ambiance laborieuse de ces petites gens qui portent leur destin à bout de bras en…