Le texte qui ouvre le recueil de nouvelles de Virginie Mouligneaux et lui donne son titre, Un trou dans la mémoire (prix de la Fondation Laure Nobels 2018), est probablement le plus frappant.Sur fond de guerre d’Espagne, un homme marche, au milieu de ses frères d’armes, vers le peloton d’exécution. En ce moment ultime, lui, Álvaro Garriga, qui « était mort un nombre incalculable de fois et il était né bien plus souvent encore », se souvient, au bout de tant d’années, du soir d’été « bleu et capiteux », qui tournerait à l’orage, où Inès l’avait emmené voir la mer. Sans oser dire un mot ni faire un geste, il l’avait regardée s’éloigner sous l’averse alors qu’il aurait tant aimé l’embrasser. « Ses lèvres auraient eu un goût de pluie. » Et…