Elle se souvient, tout lui revient en détail, sa rage monte et, avec elle, le besoin d’écrire. Les mots se précipitent car tout est devenu clair à présent que l’étau de leur emprise s’est relâché. Dans cet élan, elle nous dit d’une traite son enfance dans une famille en vue, de celles qui attirent le regard et la convoitise et à qui tout semble réussir. Le père est animateur-vedette, il enchaîne les succès. La mère accompagne cette réussite et en organise la mise en scène. Elle saisit toutes les occasions d’affirmer l’ascension sociale de leur couple au travers de réceptions au cours desquelles il se donne en spectacle, toute pudeur mise de côté. Une maison neuve est construite pour affirmer ce statut, avec une piscine dans laquelle il est de bon ton de se baigner…
Ces enfants-là, premier roman de la Belge Virginie Jortay, s’inscrit dans la lignée des œuvres qui tente de rendre au réel un passé longtemps enfoui. Loin des planches de théâtre auxquelles elle est habituée, l’auteure nous livre un récit-mémoire engagé, où elle s’attèle à rendre palpables les sensations, à restituer le tout au rien.
De Ces années-là, que reste-t-il ? Maintenant que nécessité s’impose, Virginie Jortay prend la plume et marque la page, tel un couteau marquerait la peau. Née en 1964, elle n’est encore qu’une enfant lorsque les mœurs se libèrent dans les années 60 et 70. Cette libération sexuelle, elle n’en connaît malheureusement qu’un pan; celui d’une enfance et d’une adolescence entachées par le plaisir de cette liberté à…