Une voix poétique s’est éteinte en mars 2020. Celle d’une sorte de grand frère même pour ceux qui ne l’ont pas ou peu connu. Une voix singulière qui a su traverser les modes et les temps depuis la publication en 1973 de son premier recueil chez Henry Fagne, À travers l’aube. Parus une première fois en 2006, la Maison de la poésie d’Amay nous livre ici une version revue et augmentée (notamment de dessins de l’auteur) de ces Éblouissements d’exil à laquelle le poète travaillait quelques semaines avant sa disparition. C’est dire si l’auteur, qui n’aura malheureusement pas pu voir cette nouvelle mouture, accordait une place privilégiée à ce texte. La préface de Murielle Compère-Demarcy est en ce sens éclairante, insistant notamment sur le mouvement perpétuel…
Pour énigmatique qu’il soit, ce nouveau recueil de Rio Di Maria est en continuité des précédents et il place au seuil d’un espace littéraire qu’il maîtrise autant qu’il s’y perd à volonté. Ses poèmes ressemblent rigoureusement à ses dessins ; entre abstraction et surréalisme. Ils sont d’un égal effet à partir d’un scrupuleux souhait de ne pas avoir de destination au départ de la plume. La forme et la lettre cherchent le parcours le plus libre sur la feuille blanche.Dans l’arrière-pays d’un cahier blanc jaillissent troupeaux de lettresDes figures et des mots s’extraient d’une foison de traits et une jungle de vers ; bien centrés sur la page. Cent dix-sept poèmes emmènent dans un inextricable tissu brodé en tous sens, toutes couleurs à l’intérieur…