Depuis quelques romans déjà (Une famille, Adrienne ne m’a pas écrit…), Michelle Fourez semble s’être donné une ligne d’écriture (comme on dit une ligne de conduite) : explorer la psyché, le quotidien, les humeurs, les relations des femmes qui ont pour compagne la solitude. Des femmes, seules peut-être, seules mais pas exclusivement ; des femmes du côté de la vie. Sans se cacher de ses ratages, de ses douleurs et de ses duretés.Elle s’appelle Elisabeth. Le nombre des années ne semble pas avoir de prise sur elle ni sur ses extravagances. Elle peut chanter à tue-tête dans les rues ou dans une galerie historique du centre de Bruxelles, sa ville chérie, une rose dans le décolleté. Elle apparaît comme elle disparaît. Et les matins difficiles, elle peut filer patiner…
Terre mon corps est le dixième roman en presque trente ans de la trop discrète Michelle Fourez. Comme ses précédents livres, il est traversé par une question simple, complexe et essentielle : Comment fait-on pour vivre ? Car, même si l’homme est un loup pour l’homme, un con-casseur pour la Terre,il faut vivre, oui ! Continuer de goûter la beauté du monde.Chercher sa grâce.Chanter la gratitude.Cette question est, à chaque texte, explorée à travers de personnages féminins originaux, forts et fragiles à la fois. Dans celui-ci encore. Éléonore pourrait être une des représentantes parfaites de la femme moderne iconique vendue par les magazines ou les romans à l’eau de rose (par son écriture, Michelle Fourez transforme les clichés en ferments poétiques et sensoriels)…