À l’aube de ses septante-cinq ans, Frédéric cherche à donner du sens à cette période de bilan de vie qu’il traverse. Seul et solitaire, il prend conscience qu’il a mené une vie sans éclat où il n’a rien accompli d’exceptionnel. Il envisage les affres du temps qui passe avec une forme de résignation ponctuée de touches d’humour.Comment évoquer la question du sexe au grand âge sans provoquer le sarcasme ? De quelque côté où l’on l’aborde, il aura piteuse allure. Pitié pour lui ! Peut-on encore sauver le soldat Pénis ? Perdu ou démobilisé, enfoui sous les cendres du désir, au fond d’une tranchée sèche parmi les reflets rouillés des douilles. […] Et pourtant, si l’on fouille… Il en subsiste partout, fossiles fervents qui s’efforcent de faire…
L’ombre de l’aube, quinzième livre de poèmes du Namurois Michel Ducobu (1942), s’ouvre par un superbe frontispice (dont la reproduction orne aussi la couverture du livre) de l’artiste, lui aussi namurois, Manu Henrion (1951). Ducobu résumait ainsi en 2021 la démarche de cet artiste diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Namur :Le comble de l’abstraction, c’est que l’artiste fasse abstraction d’une contrainte, considérée pourtant comme fondamentale : se priver entièrement de la représentation et s’en tenir strictement au non figuratif. C’est ce pari risqué que réalise, à chaque exposition à laquelle il nous convie, le peintre belge « abstrait », h-uman [signature de Manu Henrion, ndlr]. Tout en demeurant fidèle à ses fondamentaux esthétiques l’absence…