« On peut faire un homme n’importe où, le plus étourdiment du monde et sans motif raisonnable ; un passeport, jamais. Aussi reconnaît-on la valeur d’un bon passeport, tandis que la valeur d’un homme, si grande qu’elle soit, n’est pas forcément reconnue. » Ces mots de Bertolt Brecht (Dialogues d’exilés, 1941) ouvrent le récit de Marie Doutrepont, Moria. Chroniques des limbes de l’Europe. Ils résonnent encore cruellement aujourd’hui. La valeur de l’être humain, sa liberté de déplacement ne se décident que par le lieu qui le voit naître.Des hommes, des femmes et des enfants naissent dans un pays qu’ils n’ont pas choisi. La guerre, la faim, les persécutions, le rêve d’une vie meilleure… les font fuir. Ils parcourent des milliers de kilomètres,…