Louis Banneux

PRÉSENTATION
Loin de figurer parmi les écrivains majeurs de notre littérature, Louis Banneux occupe pourtant une place très particulière qui vaut d'être connue et soulignée.Il est non seulement un conteur régionaliste profondément attaché à son terroir mais son inspiration plonge ses racines dans notre plus ancien fonds littéraire. Il est un des rares écrivains de Wallonie à présenter un lien avec la littérature médiévale, ses genres et ses thèmes.Littérature de caractère oral : le plus souvent la plume cède la place à la parole, agreste et lente, des paysans d'Ardenne. Le conteur parle plutôt que d'écrire : la veillée se passe dans la pénombre et seules les lueurs du foyer ponctuent d'éclairs les récits ancestraux.L'oeuvre de Banneux s'alimente aux traditions populaires qui ont maintenu vivants les cycles épiques, les aventures des quatre fils Aymon et de leur cheval Bayard. Avec les fées et les gnomes (ici nutons et là sotais), avec la chèvre d'or, les rebouteux et les sorcières, Louis Banneux perpétue et fixe le souvenir de notre mythologie régionale. Le merveilleux sous-tend le réel; la vie paysanne est sensible à chaque page. Un halo de naïveté encadre le tout.Louis Banneux mérite d'être apprécié au même titre que les peintres naïfs, aujourd'hui si recherchés.Louis Banneux est né à Rochefort, en 1869, d'une ancienne famille de la région. Après de modestes études secondaires au petit séminaire de Bastogne, il s'occupe de questions sociales dans les milieux catholiques liégeois. A 27 ans, il devient fonctionnaire au Ministère de l'Industrie et du Travail et c'est avant la fin de sa carrière que la mort le surprend, directeur général au Ministère des Travaux publics, en 1932.Rien, dans cette carrière, ne laissait présager une activité de littérateur. Si Louis Banneux publie beaucoup, ce sont des études et des articles spécialisés de sociologie et d'économie, travaux qui ne sortent guère du cadre de revues scientifiques. Et si plusieurs de ses ouvrages sont couronnés (notamment par l'Académie royale de Belgique) c'est en raison de leur valeur documentaire, voire utilitaire (Manuel d'enseignement de la prévoyance, Manuel pratique de la coopération, L'Éducation manuelle, etc.).Sociologue et économiste, philanthrope et curieux, Louis Banneux est naturellement attiré par les manifestations populaires : les petits métiers, les industries locales, la vie des artisans et des ouvriers. C'est là l'origine de sa voie la plus heureuse.Par deux fois, il s'essaie au roman (L'hôte maudit, 1904; Le miroir aux alouettes, 1913), romans à thèse trop évidente et sans grand intérêt littéraire. L'imagination n'est pas son fait, ni la création. C'est l'observation attentive et minutieuse de la vie des travailleurs les plus modestes qui lui suggère la publication, en deux volumes, de courtes études sur les petits métiers : L'âme des humbles, parue en 1912, constitue le premier titre de Louis Banneux sur le plan littéraire qui nous intéresse.L'auteur ne cesse de collaborer à quantité de revues savantes ou spécialisées, certaines accordant quelque place au folklore et au dialecte.Ce n'est que dans les dix dernières années de sa vie que Banneux se décide à publier ce qui, réellement, constituera son oeuvre littéraire et le sauvera de l'oubli.En 1924, réédition de L'âme des humbles; en 1925, la publication de L'Ardenne mystérieuse lui vaut le Prix littéraire du Brabant; en 1929 paraît le Légendaire ardennais et, en 1930, L'Ardenne superstitieuse.En 1932, alors que la retraite allait bientôt lui permettre d'enquêter plus à loisir dans son Ardenne natale, une mort inopinée vient couper court à tout espoir de moisson nouvelle comme de toute oeuvre littéraire.Biographie réalisée avec la complicité d'Albert Doppagne.Références :
  • Legrain Paul : Dictionnaire des Belges.

  • Frickx Robert et Trousson Raymond : Lettres françaises de Belgique : Dictionnaire des oeuvres, I. Le roman, pp. 254 et 340; III. Le Théâtre, L'essai, p. 377.


  • BIBLIOGRAPHIE