Lui-même père d’un enfant autiste, Laurent Demoulin s’est assigné le défi de consigner les épisodes de la vie d’un homme avec son fils atteint de ce trouble, Robinson, et il nous livre un texte étonnant, ni roman, ni récit, ni témoignage, mais d’une force littéraire indéniable qui, transgressant les genres, nous offre une lecture insolite et intense.Si l’autisme est aujourd’hui mieux connu, il reste pour l’immense majorité de nos contemporains un mystère d’autant que ses formes et manifestations varient d’une personne à l’autre, aux frontières de la maladie et du handicap, rendant ceux qu’il affecte totalement insaisissables à l’observateur novice. Pour son père, le narrateur, linguiste spécialiste de Barthes, Robinson est cependant avant tout un enfant…
La danse mène le monde, une danse folle, insouciante, entêtée, une danse de victoire et de jouissance. Les hommes sont les écraseurs métronomiques du sol et c’est ainsi qu’ils ont imposé leur loi au monde. Tel est le principe de la Genèse selon Antoine et Laurent Demoulin. Les lettres sur la couverture du livre sont transformées en totems où se mêlent le buste de Nefertiti, des statues de déesses de l’Afrique à l’Asie, des lampes, des turbines – idoles modernes. Le tout forme un H et un S au long duquel, petites silhouettes noires, les hommes montent, obstinés. HS – Homo saltans –, ces lettres érigent le saut en principe vitaliste qui guide l’évolution des sociétés humaines. Elles laissent peut-être entendre le terme de cette gigue frénétique – HS, Hors…
À l’automne dernier, dans le quotidien L’Avenir, Michel Paquot, relevait que les trois recueils de nouvelles de la collection « Belgiques » qui venaient de paraître aux éditions Ker et signés Véronique Bergen, Marianne Sluszny, Michel Torrekens (2020) guignaient vers le passé, ce que confirmait Jean-Claude Vantroyen dans Le Soir. Qu’allait faire Laurent Demoulin de cette proposition d’écrire « un portrait en mosaïque de la Belgique », avec toute la liberté formelle qu’offre le genre de la nouvelle ?Même si l’écrivain commence le recueil par un texte autofictif, « La fille aux deux noms », où il égrène des souvenirs d’école, de visite médicale, de cours de tennis, pour le reste il a plongé son inspiration dans le présent et le futur du pays (des pays…).…
C’est sous l’angle d’une robinsonnade esthétique et conceptuelle que Laurent Demoulin aborde l’œuvre multiforme d’Eugène Savitzkaya. Et c’est à partir du texte théâtral La folie originelle paru en 1991 que l’essai questionne l’ébriété et la charge jouissive des poèmes, romans, pièces de théâtre, contes, essais, scénarios de film d’un des auteurs belges les plus inventifs. Pour approcher l’univers libre et sauvage de l’auteur de Mongolie, plaine sale, Mentir, La disparition de maman, Marin mon cœur, Les couleurs de boucherie, Laurent Demoulin met en place une méthodologie qui allie deux figures complémentaires : l’intuition sensible et la boussole de l’analyse, le filon thématique-onirique et la ressaisie tabulaire. Ce dispositif duel permet de voyager…
Laurent Demoulin (1966) a étudié à l’université de Liège, où il a reçu les enseignements de Jacques Dubois et de Jean-Marie Klinkenberg. Il y enseigne aujourd’hui. Son premier roman, Robinson, obtint le prix Victor-Rossel 2017. Son frère, le peintre Antoine Demoulin, dit Demant, illustre le présent recueil. Il avait déjà publié d’autres dessins en frontispice d’autres recueils : Filiation, Même mort, Palimpseste insistant et l’édition revue et largement augmentée d’Ulysse Lumumba. Les deux frères avaient aussi publié une œuvre singulière à quatre mains, Homo saltans, où le texte et l’image s’entrelacent en un pas de deux très réussi.« Rien de plus déprimant que d’imaginer le Texte comme un objet intellectuel (…). Le Texte est objet…
À l’occasion de la Foire du Livre 2017, nous souhaitions mettre en avant des premiers romans d’ici et d’ailleurs. Vous faire découvrir des voix qui surgissent et feront peut-être date. Parmi elles, celle de Laurent Demoulin, universitaire liégeois gouailleur, amoureux des mots et trois fois père. Dans Robinson, il nous donne à lire, entre intime et extime, joie pure et désordre, une épopée du quotidien touchante et très organique avec un fils autiste.
À l’occasion de la Foire du Livre 2017, nous souhaitions mettre en avant des premiers romans d’ici et d’ailleurs. Vous faire découvrir des voix qui surgissent et feront peut-être date. Parmi elles, celle de Laurent Demoulin, universitaire liégeois gouailleur, amoureux des mots et trois fois père. Dans Robinson, il…