J'aime marcher dans mon quartier, dans les rues, les campagnes, et glaner, comme dans le film d'Agnès Varda, « Les glaneurs et la glaneuse », il y a des glaneurs de légumes, de boutons, de cartes postales, de rebuts, de bouts de ficelles. Moi ce sont les mots, les mots des autres, les miens, et les rythmes du monde. Puis j'écris et j'aime dire ces mots-là, souvent en compagnonnage avec des artistes qui me sont chers, ou portée par certains : Pietro Pizzuti, Jean-Michel Agius, Vincent Granger, la compagnie Carcara, Monique Dorsel, Magali Pinglaut, Catherine Graindorge, Bruno, Marilou, Garance... Je sens bien que le monde tourne de moins en moins rond : j'aime aller y chercher, y traquer, y guetter, les battements d'humanité. Ce sont mes tambours. Je tente d'y accorder mon cœur.
Envie de prendre la vie en main ? La vôtre et celle des autres ? Tenté, tentée, depuis longtemps, par les initiatives citoyennes, les rapprochements, les liens sociaux à resserrer ? Marre du déprimant TINA, du gris ambiant dans les têtes ? Envie de positif et de joie ? Désir fou d’être regonflé, de sourire à nouveau ? Pour sûr, il n’y a pas que le film Demain pour faire pétiller. On peut aussi s’immerger dans la poésie résolument positive, amoureuse de la vie et des rencontres, dans la poésie éminemment « sociale » et sociétale de Laurence Vielle. Parce que Laurence Vielle a décidé, une fois pour toutes, de laisser au placard ses petits ou grands problèmes d’ego – ses soucis de gnêgnêtre comme a dit une fois Jean-Pierre Verheggen –, d’être généreuse,…
Quand la littérature creuse un espace mental, un espace physique et verbal au plus près des souffles de la vie, cela produit des objets textuels construits sur une proximité du verbe et des nerfs, des mots et de la sève. La voix de la poétesse, dramaturge et comédienne Laurence Vielle se tient dans cette inventivité créatrice qui dénude la trame de la langue pour en jouer sensoriellement. Avec son titre placé sous le signe d’un détournement humoristique de l’histoire biblique, Zébuth ou l’histoire ceinte nous mène dans un récit des confins, de la défaisance de la narration et de la cohérence existentielle.Amputé de Bêl — un personnage féminin qui sera retrouvé sans vie devant une Fenêtre ouverte —, Zébuth se dresse comme un personnage beckettien, inadapté au…
Quoi ? Un CD, joint à OUF ? Excellente idée ! Nous aurait manqué quelque chose, sinon. Inconcevable, en effet, de « lire » Laurence Vielle sans aussi l’« entendre », « sentir » sa présence. C’est qu’elle fait partie de ces poètes pour qui POÉSIE ≠ TEXTE, pour qui poésie n’est pas qu’une affaire d’écriture. Pour qui POÉSIE = un TEXTE + un CORPS.Quiconque a déjà vu, entendu, Laurence Vielle sur scène sait de quoi je parle : Laurence Vielle, par sa seule présence, est une femme qu’on remarque et écoute. Pour sa voix. Un peu éraillée. À bout de souffle, dirait-on, mais paradoxalement n’en manquant jamais. Nous entraînant dans ses rondes un peu folles. Ou ses doux chuchotis à l’oreille.…
Dans Billets d’où, Laurence Vielle s’adonne, selon ce qui lui est coutumier, à une poésie entretenant des liens étroits avec la pratique de l’oralité. Elle y développe une pensée issue de la vie quotidienne, de choses vues, vécues ou ressenties, qui se décline ensuite en élans fictionnels qui tendent à la recherche de soi-même et de l’autre.La collection « Poche/Poésie » de la maison d’édition bordelaise Le Castor Astral accueille à la perfection le climat fondamentalement intime de ces billets au titre calembour. Puisque le message d’un billet s’adresse à un destinataire (implicitement ou explicitement), un « tu », parfois un « vous », se fait souvent le réceptacle des confidences de la poétesse. Aussi bien le lecteur anonyme, qu’un familier de…
La collection Espace Nord réédite en 2022 deux textes de Laurence Vielle, Zébuth ou l’histoire ceinte, ainsi que L’Imparfait. L’occasion de découvrir ou de redécouvrir les débuts d’une des voix majeures de la poésie francophone belge contemporaine. La rencontre d’une pulsion de vie poétique, qui scande, la peur de cesser au ventre, la joie de vivifier à la bouche.
Difficile d’envisager un texte qui semble d’inspiration biblique lorsque l’on n’en maitrise pas les références, mais heureusement pour moi, Zébuth a une voix propre. On suit ainsi le personnage de Zébuth, amputé de Bêl, qu’il retrouve morte au pied d’une fenêtre ouverte. Le récit en lui-même est une métaphore assumée, nommée, de la vie, perçue dans un premier temps comme un immeuble…