Le titre pilote vers le policier, une page de garde annonce un roman, le texte échappe aux étiquettes et conjugue les registres : journal de bord de l’autrice autour d’un projet d’écriture, documents qui le fondent (lettres de protagonistes ou de témoins, liste de lieux à visiter), fragments d’une rêverie biographique à partir des points d’acmé d’une existence.
Au départ, un vertige : l’autrice est envoûtée par « l’homme chancelant » qui transcende La nuit, un tableau exposé au musée d’Ixelles :
Un homme, vu de dos, vêtu d’une redingote, coiffé d’un haut-de-forme, erre la nuit, en bord de mer, le long des majestueuses Galeries royales d’Ostende. Il semble tituber, tend une main hagarde vers les imposantes colonnes. Qui est cet…
Kate Milie s’est fait une spécialité du polar urbain. Après L’assassin aime l’Art Déco en 2012 et Noire jonction en 2013, Peur sur les boulevards paru chez le même éditeur 180° éditions se présente comme le troisième tome (qui se lit néanmoins indépendamment) de cette mise en scène de Bruxelles sur trame de polar et exploration sous toutes les coutures de cette ville aux « travaux permanents et interminables ». Hôtels et places, rues et boulevards, voies d’eau ou voies ferrées, vibrations, fantômes, tréfonds oubliés, l’auteure aime mener son lecteur dans ces sortes de jeux de pistes vers l’autre côté du miroir où se donne peut-être la clé d’une obsessionnelle énigme.
On retrouve Marie, la jeune historienne de l’art et pétillante…