« Plus il écrit court et plus il en dit long », dit un jour Jean-Baptiste Baronian de Jacques Sternberg. L’auteur d’Un jour ouvrable est doublement présent ce trimestre dans les vitrines des libraires. Tandis que Folio publie une édition revue des 188 contes à régler, un choix de Contes glacés parait chez Labor dans la collection « Espace Nord Junior ». Nous l’avons rencontré lors de sa récente escale à Bruxelles.
Jacques STERNBERG, L’employé, Postface de Jacques Carion, Impressions nouvelles, coll. « Espace Nord », 2020, 195 p., 8,5 €, ISBN : 978-2-87568-538-4Attention lecteur, attention lectrice, si vous découvrez Sternberg avec ce livre, vous allez vivre une expérience-limite. Laissez toute rationalité au placard et embarquez dans le non-sens à la belge de cet auteur hors normes. Publié en 1958 aux éditions de Minuit, le roman L’employé garde une sacrée modernité comme tout OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) ! Ajoutons à cette entrée en matière que Jacques Sternberg (1923-2006) est parvenu à écrire un roman quasiment sans aventure, car l’aventure qu’il nous propose, c’est celle du texte, du rapport qu’il entretient avec la mise en mots du réel. Il en explose…
Si Félix Fénéon inventa le concept des « nouvelles en trois lignes », manière de rubrique des chiens écrasés surcompressée, Jacques Sternberg a quant à lui anticipé le « conte-SMS ». C’est du moins Éric Dejaeger qui nous en convainc, dans sa présentation du recueil Divers faits.Jacques Sternberg se redécouvre sans fin tant son œuvre est foisonnante, à tel point que dans son cas, il ne serait peut-être pas hasardeux d’oser le néologisme d’« hyperographe ». Sa production effrénée peut bien sûr s’expliquer par des raisons sociologiques (une ambition de conquérir le champ littéraire parisien) et est d’autant plus admirable qu’elle prend place dans un quotidien âpre, Sternberg s’étant épuisé en boulots abrutissants pour assurer la subsistance de…