Henri Michaux   1899 - 1984

PRÉSENTATION
Le père d'Henri Michaux, Octave Michaux, est né à Rochefort (Province de Namur) en 1861. Sa mère, Jeanne Blanke-Woitrin, est née à Namur en 1869. Henri Michaux est né à Namur le 24 mai 1899, au domicile de ses parents, 36, rue de l'Ange et il fut baptisé à l'église St Loup trois semaines plus tard. En 1901, la famille quitte Namur et s'installe à Bruxelles. De 1906 à 1910, Michaux est envoyé en pension à Putte Grasheide, en Campine : il gardera de ce séjour une très mauvaise impression. Il fait ensuite ses humanités, de 1911 à 1917 au Collège jésuite St Michel à Bruxelles, où certains de ses condisciples s'appellent Norge, Hermann Closson et Camille Goemans... C'est de cette époque que date sa passion pour les insectes, l'ornithologie et l'écriture chinoise. Il s'intéressera ensuite à la médecine. De 1919 à 1921, il effectue deux longs voyages comme matelot vers le continent américain. Après diverses péripéties comme le service militaire et d'humbles emplois de surveillant, notamment à Chimay puis près d'Arlon, Michaux, durant cette période, fréquente Franz Hellens et la revue Le Disque vert. En 1925, il s'installe à Paris et commence à travailler chez le libraire-éditeur Kra. Il prendra finalement la nationalité française en 1955. En 1927, il négocie avec Gallimard le contrat d'édition de "Qui je fus". A Paris, il est proche de Supervielle et d'un autre poète, équatorien, Alfredo Gangotena. En 1928, il part pour l'Equateur en compagnie de son ami. Suivront bientôt d'autres voyages (Turquie, Italie, Jersey, Afrique du Nord) dont certains assez importants dont il tirera matière poétique : vers l'Inde et vers la Chine. Michaux voyage hors d'Europe et ne cesse de voyager à l'intérieur de lui-même, en France ou à Paris, passant de chambre d'hôtel en chambre d'hôtel, de gîte en gîte, de région en région. En 1934, il rencontre sa future femme, Marie-Louise Ferdière, qui décédera, suite à un accident domestique et d'atroces brûlures en février 1948. En 1936, Michaux commence à peindre. Il entame également ses grands voyages intérieurs et son expérimentation des hallucinogènes, notamment avec la mescaline en 1956. De plus en plus tourné vers la peinture à partir des années 50, Henri Michaux est décédé en 1984.

BIBLIOGRAPHIE

DOCUMENT(S) ASSOCIÉ(S)


NOS EXPERTS EN PARLENT
Le Carnet et les Instants

Connues pour leur très belle ligne éditoriale, pour l’élégante facture de leurs livres, pour leurs publications de nombreux ouvrages de Michaux, les éditions Fata Morgana, dirigées par Bruno Roy et David Massabuau, viennent de publier Saisir, un des recueils les plus saisissants d’Henri Michaux, rythmé par ses textes et ses dessins à l’encre. « Livre d’artiste » ou plutôt livre michaldien, Saisir (1979) renvoie au poème éponyme de Jules Supervielle, un ami de Michaux. L’ambition du livre est d’emblée posée : tenter de « saisir mieux, de saisir autrement, et les êtres et les choses, pas avec des mots, ni avec des phonèmes, ni des onomatopées, mais avec des signes graphiques ». Une nouvelle fois, le poète s’engage à frayer un abécédaire, un bestiaire…


Le Carnet et les Instants

Tension de la pensée avec la réalité, expérience d’une perte d’être, d’une défaillance ontologique qu’Henri Michaux partage avec Artaud, inlassable exploration de l’« espace du dedans » composent la basse obstinée de l’univers poétique de l’auteur de Plume, Ecuador, Mes propriétés. Les éditions Unes publient un magnifique volume composé d’un texte de 1975, Coups d’arrêt (une version remaniée paraîtra dans Chemins cherchés, chemins perdus, transgressions) et d’Ineffable vide qui, retravaillé, figurera dans les addenda de Misérable miracle. Au nombre des voies permettant l’arpentage des territoires intérieurs, Michaux a élu l’évasion, les voyages en Asie, en Amérique du Sud, les voyages fictifs, les feux de l’imaginaire, la drogue par…


Le Carnet et les Instants

Alors que d’aucuns devraient se faire inoculer quelque vaccin pour guérir de la rage d’apparaître qui semble les tenir, Henri Michaux incarne un contre-exemple absolu dans le refus de livrer son image, de laisser une trace autre qu’écrite, de brader sa présence au monde. Le barbare altier qu’il était partageait ainsi avec certaines peuplades fallacieusement taxées de « primitives » la conviction qu’être photographié revenait à se faire voler son âme ; et le seul film où on peut l’entrevoir, lors d’une conférence prononcée par Borges au Collège de France en 1983, montre un homme en passe de verser dans l’invisibilité, au regard dissimulé par d’épais verres fumés. Jamais d’interview, pas d’enregistrement. Pire : il était phobique du contact humain,…