Françoise Delmez mouille la plume comme l’ancre d’un bateau dans un été de la vie de Léon Losseau. L’étincelle est l’étonnement. Qu’est-ce que le petit avocat montois (il a peu plaidé), riche bourgeois et grand bibliophile — 100.000 livres ! –, est parti faire tout là-haut sur la carte, dans les eaux froides du cercle polaire ? Contemporain du fameux Paul Otlet qu’il invitait chez lui, tous deux étaient « sûrs que l’accès à la connaissance était un facteur de prospérité et de paix pour l’ensemble de l’humanité. » Tel est peut-être un premier aspect de son départ ? La connaissance ?Il avait préparé son voyage et, parce qu’il était méthodique, prudent et que, pour ce collectionneur dans l’âme, le moindre courrier, la moindre image, insignifiants…