Aucune rumeur qui vienne de la ville ne troublerait les jours paisibles qu’on peut vivre en Bourgogne, dans un petit village aux bords de l’Yonne, cette rivière qui va grossir la Seine pourtant. Un village peu peuplé, dont les habitants sont sympathiques et accueillants. Rien ne devrait donc entraver le court séjour que vont y faire Martin et sa sœur Martha. Un peu par devoir, il s’agit de prendre soin d’une personne chère, cette Martha qui a un peu perdu la mémoire depuis son accident ; un peu par hasard aussi, la perspective de retrouver peut-être les traces écrites d’un père disparu et qui sait ? un secret de sa vie passée. C’est la douce impression qu’on peut avoir en lisant les premières pages du roman de Francis Dannemark, Martha ou la plus grande joie. Entrée…
« Il a réglé la course, est sorti en sifflotant et, sans se retourner, il a soulevé son chapeau en guise d’adieu », telle est la dernière image qu’a laissée Soren. Nous sommes à Bordeaux, en novembre 2017, et ce musicien et producteur âgé de cinquante-huit ans a demandé au chauffeur de taxi de le déposer à l’entrée du Pont de pierre. Après, plus rien… plus de Soren. Qu’est-il advenu ?Le roman de Francis Dannemark et Véronique Biefnot s’ouvre sur cette disparition et met en récit plusieurs voix. Elles ont toutes connu Soren, de près ou de loin. Chacune d’elles plonge dans ses souvenirs, exhume des moments passés en sa compagnie, des instants de sa vie et, dans une polyphonie où les sonorités tantôt se répondent tantôt dissonent, elles livrent au lecteur…
fusionnelle entre Véronique Biefnot et Francis Dannemark. Et c’est ensemble qu’ils publient deux livres que chacun d’eux a marqués de son empreinte, à l’enseigne de l’auteur bicéphale Biefnot-Dannemark. La route des coquelicots est un roman où l’on reconnaît bien la patte de velours du nouveau Francis Dannemark, plus proche aujourd’hui des beaux et bons sentiments que des errances poétiques du cheval ombrageux de naguère. Véronique Biefnot partage ce pas de deux qui engage ensuite le couple dans la chorégraphie d’un échange passionné avec Au tour de l’amour, long poème lyrique et sensuel, illustré, lui aussi, d’encres et lavis de la romancière, comédienne et artiste.
La poésie ne fait pas pour autant défaut à La route des coquelicots alors…
Dès le titre, le dernier roman en date de Francis Dannemark joue de la polysémie : « misère » s’inscrit dans le domaine de la botanique et non de l’état de pauvreté. Nom familier du Tradescantia zebrina, cette plante vivace, si elle n’est pas contenue, (…) peut devenir envahissante.Dannemark est poète avant tout. Dès les premières lignes de La misère se porte bien, l’évocation d’un ciel d’avril qui « hésitait », nous immerge dans celui-ci, nous en enveloppe, nous hypnotise de ces « diverses combinaisons de bleu lumineux, d’ardoise, de blanc mousseux, de gris profond (…) jusqu’à ce qu’en quelques secondes, le ciel ne fut plus qu’une immense masse nuageuse attirée vers la terre pour y poser son ventre lourd ».Le poète écrit un roman, certes,…