68-18 de Christophe Kauffman,c’est 57 sonnets sur cinquante années,vers cette fatalité, heurtant de sa canne :Désormais j’ai vécu plus que je ne vivrai.Ce qui nous conduit à cette double détresse :la vie sera plus lente et passera plus vite.Depuis sa naissance, l’auteur conte ses bles-sures et trouve à l’alexandrin cent mérites.Pieds, rimes, hémistiches rythment l’écriture,assurant une structure et de la pudeurà l’intimité que, grâce aux mots, l’on affleure.De confessions familiales aux aventuresde toute une vie, ses histoires en nombre,tel un feu, vacillent entre lumen et ombre.•Certains vers se détachent comme des lucioles.On n’alunira plus. Il faut changer de cible.On n’alunira plus. Il faut rester au sol.Nos corps sont atteints d’une gravité sensible.Toujours…
Le fait divers a toujours livré la matière première des films et des romans noirs comme si la purulence ne pouvait se donner à voir véritablement que dans le huis-clos d’une vie saisie dans l’horreur d’un tragique crapuleux. Le tout est de « flairer » le délétère qui s’évade de cette concentration. La mise en scène, la narration exacerbe dans la violence verbale ou physique ce qui nous est généralement commun : la peur, le sentiment de la perte… Le noir, c’est la couleur des révélations ordinaires quand la vie privée, la vie intime, la vie banale sont frappées du fouet de l’extraordinaire démence des hommes. La vie des personnages mis en scène sublime alors cette marée noire qui stagne au fond de chacun.Échapper à ce rendez-vous avec…
La chronique est un art de la mesure libre, de la pondération, elle doit piquer notre œil, le mettre en tension, ébruiter les sons vagues qui nous entourent généralement et forcer la porte de ce qui nous entoure et à quoi nous prêtons peu d’attention, puisque la vitesse et même l’urgence permanente ont emballé le monde dans une course dans le vide cybernétique. La chronique souhaite faire entendre du monde, non sa vaste complexité, mais l’épaisseur de celle-ci à travers un prélèvement, une sorte de micro-instant saisi par l’écriture. Dès lors, le chroniqueur enverrait aux lecteurs des sondes issus d’une singulière perception du jeu des apparentes évidences.Et Christophe Kaufmann, avec son brillant livre Babioles, déplie cet art qui est comme un recueil de notes…