Né le 18 février 1945 à Liège
Licencié en journalisme, Université Libre de Bruxelles
A l’origine, mes romans n’ont pas été écrits à l’intention des jeunes mais, comme mes personnages sont très souvent des enfants et des adolescents, dans le contexte des années cinquante et soixante, ils rencontrent le succès en réédition de poche pour la jeunesse, notamment dans les écoles secondaires.
Chez Bernard Gheur, la nostalgie est un peu comme une seconde nature. L’essentiel de son œuvre réussit la gageure d’être à la fois ancré dans le quotidien liégeois qui lui est cher, mais aussi de tracer un portait très juste de la jeunesse des années soixante, celle qui, un peu plus tard, communiera à Woodstock ou sera sur les barricades à Paris. De ce point de vue, on peut soutenir que Bernard Gheur a eu des intuitions très subtiles de ce qui évoluait dans l’esprit de la jeunesse, et dans le sien en particulier, dans les années cinquante et soixante : l’opposition au monde adulte dans Le testament d’un cancre, la passion du cinéma dans La scène du baiser, La bande originale ou Nous irons nous aimer dans les grands cinémas, la fascination, déjà, pour la Résistance…
Dans un livre sensible, touffu, entraînant, Bernard Gheur s’est attaché à éclairer un versant inattendu de François Truffaut. Les orphelins de François révèle un « éveilleur de romans », lecteur passionné, exigeant. « Sous le crayon de François – sa baguette magique -, les phrases gagnaient en légèreté, en limpidité, en poésie. La touche Truffaut. »Bernard Gheur avait à peine vingt ans lorsqu’il envoya à François Truffaut, « le dieu de mes seize ans », une nouvelle de quatre pages, Le testament d’un cancre.Merveille : le cinéaste lui répondait et l’invitait à développer son texte, à entreprendre un roman. Il précisait : « Vous en êtes capable ». Mieux qu’un encouragement, presque un engagement, qui exaltait l’auteur débutant.Le testament…
Bernard Gheur est décidément l’écrivain belge de la nostalgie heureuse. On retrouve dans La grande génération des accents déjà présents dans plusieurs de ses titres précédents où il revisitait son enfance, son adolescence et sa passion pour le cinéma. Mais plus que les précédents, ce roman généalogique combine la grande Histoire et l’histoire familiale.C’est ainsi qu’il nous offre dans un premier temps une double immersion, tout en sensibilité, dans la vie de ses grands-parents, paternels et maternels, avec une incursion inattendue au Canada et notamment à Calgary qui fait écho à son livre Retour à Calgary (dont la réédition augmenté a paru chez Weyrich sous le titre Un jardin dans les Rocheuses), tandis que la branche maternelle s’ancre en Allemagne.Bon sang…