Ariane Le Fort

PRÉSENTATION
J’adore m’asseoir dans mon bureau quand il est bien rangé (c’est si rare), et puis regarder autour de moi sans même bouger un doigt. J’aime peindre le bord des châssis avec un pinceau rond et admirer la netteté du travail. J’aime bien les chansons de Souchon et de Thomas Fersen, les romans d’Edith Wharton et d’Elizabeth Taylor. J’aime bien le matin, j’aime encore plus le soir, quand tout à coup on me dit : Eh, on ne s’ouvrirait pas une bouteille ?…j’adore le bruit du bouchon qui s’échappe... J’aime les petites jambes de mon cadet et les grandes jambes de mon aîné, accompagnées du reste. J’aime quand les bébés dorment après une journée d’enfer, j’adore le tartare de thon, les forêts, toutes les étendues d’eau, les trains pendant la nuit, j’aime les corps de métier qui font bien leur métier, j’aime les gens qui aiment ce qu’ils font à défaut de ce qu’ils sont, et j’aime beaucoup remettre du bois sur le feu quand il brûle… Ce que j’aime par-dessus tout, c’est ce joli privilège qui m’a été accordé, de pouvoir écrire et décrire ces instants, me les rendant dès lors plus attachants encore.

BIBLIOGRAPHIE


PRIX

DOCUMENT(S) ASSOCIÉ(S)


NOS EXPERTS EN PARLENT
Le Carnet et les Instants

Le précédent roman d’Ariane Le Fort datait de 2013, et la lauréate du Prix Rossel 2003, qui publie avec une certaine parcimonie, nous propose chaque fois un travail précis, d’une écriture retenue et rigoureuse, avec un sens du concret le plus réaliste empreint de tact, de tendresse et d’ironie, et un désenchantement qui ne se prive cependant pas du goût de vivre. Partir avant la fin qui vient tout juste de paraître au Seuil s’entend dès l’abord à double entrée, laissant penser à une décision de quitter cette vie avant sa décrépitude ou de rompre une liaison avant la déception. Et le roman croise en effet et fait se rejoindre les deux thématiques d’une mère perdant peu à peu la mémoire mais obstinée à vouloir marcher dans la mer sans s’arrêter pour s’y…


Le Carnet et les Instants

Primé plusieurs fois en 2003, par le Rossel notamment, Beau-fils d’Ariane Le Fort mérite on ne peut mieux une réédition en Espace Nord, cette fois accompagnée d’une postface de Michel Zumkir. On est certes déjà tombé sous le charme des fictions de l’auteure sans qu’il soit nécessaire de se référer à un guide. Elle a cette habitude rare, somme toute, de livrer des histoires simples à démêler, voire à dévorer telles quelles. Mais elle les assortit toujours d’une réserve, d’un quant-à-soi qui demande qu’on s’y attarde ou qu’on y revienne. D’où l’utilité de commentaires comme cette postface qui va attirer notre attention et débusquer l’arrière-fable d’une apparente simplicité. S’y révèle le double jeu de l’écriture de Beau-Fils, ce roman…


Le Carnet et les Instants

Ariane LE FORT, Quand les gens dorment, ONLIT, 2022, 186 p., 18 €, ISBN : 9782875601513On prend l’histoire en cours – l’histoire d’un amour. Janet retrouve Pierre chez lui, dans un immeuble bruxellois promis à la démolition – avec vue sur la cathédrale. Janet : 57 ans, « quelque chose de Barbara », travaille dans une clinique de la douleur, « avec pour mission de la réorganiser de A à Z ». Pierre : « Max von Sydow en plus chevelu », réalisateur en vue, jusqu’à ce que. Sa fille, renversée par un tram. Décédée. Lui, plus mort que vif, depuis. « Plus personne ne le reconnaissait, on ne le regardait plus, il n’avait pas fallu cinq ans ». Ils sont chacun d’un autre côté de la vie, de la mort, Janet et Pierre ; et ça, davantage que la différence…