Instant de grâce ! L’auteur, qui a voué une partie de sa riche carrière[1] à Chaplin, au point d’en être considéré de par le monde comme un expert sommital, a réussi l’ultime synthèse, un essai d’une densité louvoyant vers l’art poétique. Qui débute avant les premières lignes officielles, dans un commentaire sur la photo/couverture, au verso de la page de titre :(…) Chaplin éminence grise de Charlot manipulé par lui, le masque tragique sur un corps comique, Charlot « sentimental puppet », l’empathie distanciée, l’auto-ironie de Chaplin, la chorégraphie comme écriture de songe, le créateur d’images à jamais mémorables, le poète comique, l’auteur en abyme, le rêve dans le rêve… Nysenholc n’est pas qu’un spécialiste…
Bien que défini comme roman sur sa couverture, Bubelè, l’enfant à l’ombre d’Adolphe Nysenholc n’entre que par… effraction dans cette catégorie. Le récit – initialement publié chez L’Harmattan en 2007 – des premières années d’un jeune enfant juif, caché sous l’Occupation par ses parents chez un couple modeste de Flamands de la banlieue bruxelloise, s’apparente en effet aux premières années de vie de l’auteur lui-même. « Bubelé », c’est « bouboule », ou « mon petit garçon », le surnom affectueux donné par la mère, Léa.
Elle et son mari Salomon, Juifs de Pologne arrivés en Belgique au milieu des années trente, sont incarcérés à la caserne Dossin de Malines en septembre 1942, avant d’être déportés et assassinés à Auschwitz.…