René Magritte   1898 - 1967

PRÉSENTATION
De la même manière qu’il y a une « littérature du soupçon », il y a une « peinture du soupçon » dont Magritte, qui excelle à rendre les idées visibles, est sans doute le meilleur représentant. Chez lui, en effet, c’est l’illusion de la représentation qui est dénoncée; et, au-delà, celle que fait vivre tout signe. Mais cette lucidité implacable, servie par l’arme de l’humour, conserve, intacte et mystérieuse, la part de rêve qui se loge dans la réalité la plus quotidienne: cet onirisme surgit des associations inattendues et des renversements surprenants dont témoigne la peinture lisse de Magritte.
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Le Carnet et les Instants

On ne s’en souvient pas toujours : parallèlement à sa production picturale, René Magritte a beaucoup écrit. Aux articles, tracts, manifestes, aphorismes, scénarios et dialogues, aux lettres, textes collectifs, transcriptions d’interviews et de conversations s’ajoutent les titres inattendus qu’il donnait à ses tableaux pour décourager toute interprétation lénifiante. En 1979, Flammarion rassemble tous ces documents en un épais volume, remarquablement établi et annoté par André Blavier : Écrits complets. Quinze ans plus tard, le comité d’Espace Nord demande à Éric Clémens d’en réaliser une anthologie assortie d’une étude, la préface étant confiée à Jacques Lennep. Confronté à cette tâche délicate, le philosophe s’impose…