Pour ceux qui ignorent qui est Patrick Declerck (enfin, quel écrivain il est : on ne s’aventurera pas ici – ni ailleurs en fait – sur de plus audacieuses suppositions à propos de sa personne, déjà psychanalyste de surcroît et accoutumée, notamment dans ses livres, à en faire un tantinet état), on pose ici que l’individu a remporté le prix Rossel en 2012 pour Démons me turlupinant, publié chez Gallimard. Et comme on ne sait jamais, on mentionne aussi qu’il est également l’auteur de romans et d’essais aussi remarqués que remarquables, parmi lesquels Les naufragés, paru chez Plon en 2001, qui relate son expérience de travail (il a ouvert des consultations d’écoute) avec les clochards de Paris ou encore de Crâne (Gallimard, 2016), roman autobiographique…
Patrick Declerck et Alexandre Nacht partagent une expérience peu commune : l’annonce d’une tumeur au cerveau, une espérance de vie très limitée, un sursis improbable de sept ans, l’ablation (partielle) du mal. Patrick Declerck est un écrivain, philosophe et psychanalyste ; Alexandre Nacht, son double autobiographique dont le prénom se révèle impérial pour ce fier (quasi) sexagénaire menant sa barque et résistant vaille que vaille – ne fût-ce que par une inertie décidée – au monde et au flot de ses agressions : « Tout, plutôt que de plier sans rude bataille. Sans faire la guerre aux envahissants désirs des autres. » Quant à la nuit contenue dans le patronyme allemand, elle recouvre la veille, les peurs, les zones opaques, la fin inéluctable… Son crâne, rasé,…
À l’approche d’un cap important, l’être humain peut faire preuve de réactions et d’envies imprévisibles et parfois étonnantes. Et, à fortiori, quand la vie même est menacée, quand le risque d’un bouleversement irréversible se fait sentir, l’importance de cette réaction est décuplée.Certains feront un baptême de l’air, d’autres iront écouter le chant des baleines.Patrick Declerck, chez qui une intervention délicate au cerveau est programmée, a lui choisi de suivre plusieurs formations de sniper en plein cœur du désert de l’Arizona.Coutumier des écrits largement autobiographiques, l’auteur nous fait ici le récit de son expérience.Tout est vrai. D’ailleurs je n’ai pas le choix. J’ai beau faire, je ne parviens pas à cultiver ne serait-ce qu’un brin…