Marie GEVERS, Plaisir des météores, postface de Véronique Jago-Antoine, Impressions nouvelles, coll. « Espace Nord », 2020, 240 p., 9 €, ISBN : 9782875684950Demandez à n’importe qui le sens du mot « météore » et il vous sera répondu qu’il s’agit d’un corps céleste, à la trajectoire fulgurante. En général, ils s’écrasent dans le désert ou tombent dans l’océan, plus rarement sur le toit d’une isba dans quelque ex-République soviétique. Chacun/e à sa façon, Arthur Rimbaud, Isadora Duncan, James Dean, Janis Joplin, Simone Weil, Kurt Cobain, Ayrton Senna, en furent un.Dans son dictionnaire, Émile Littré – « qui ne se trompe jamais », c’est bien connu – commence sa notice par une explication plus large, reposant sur l’étymon grec metheôra…
Là où tout le réel est poésie, écrivait Jacques Sojcher dans sa préface à une précédente édition de La comtesse des digues, premier roman de Marie Gevers (1883-1975). En effet, l’œuvre de celle qui reçut une éducation mi-flamande mi-francophone et vécut de manière quasi exclusive dans le domaine familial de Missembourg où une scolarité originale lui fut dispensée notamment via la lecture du Télémaque de Fénelon et une connaissance approfondie de la Nature, repose sur un ensemble de dynamiques structurantes qui sont généralement celles du discours poétique. La littérature classique et le grand livre du jardin domanial remplacèrent donc avantageusement l’école, faisant de la petite fille un être mi-rustique mi-intellectuel et un écrivain francophone élevé au…
Davantage qu’un lieu géographique, le domaine familial de Missembourg constitue un des personnages principaux de l’œuvre de Marie Gevers. Situé à Edegem, près d’Anvers, le jardin-roi est au cœur des récits Vie et mort d’un étang, Guldentop, Madame Orpha. Thème et creuset de la narration, il en est aussi le vecteur, le levier. Dans le roman autobiographique, Madame Orpha ou la Sérénade de mai, la narratrice, une fillette de dix ans, évoque la passion adultère, transgressive de Madame Orpha, la femme du receveur, et du jardinier Louis.L’œuvre de Marie Gevers (1883-1975) se tient dans les lumières des confins, confins linguistiques — noces du français et du flamand —, confins du réel et du surnaturel, confins des temporalités qui refusent l’imposition d’une…
Dans Plaisir des météores, Marie Gevers explore avec poésie l’évolution de la nature au cours des douze mois de l’année. Un texte laborieux, car loin de mon horizon d’attente de lecteur contemporain.
« Les météores ? On a pris l’habitude de ne nommer météores que les astres errants, les étoiles filantes ou la foudre. Or, tous les phénomènes qui se passent dans l’atmosphère répondent à ce beau nom. La grêle, le brouillard et les pétales de la rose des vents sont des météores, ainsi que le givre, le grésil et le dégel, l’arc-en-ciel et le halo lunaire, et aussi, les silencieux éclairs de chaleur où se libère l’angoisse des nuits de juillet ; météores enfin le rougeoiement des couchants et les lueurs vertes de l’aube. »
Pour une fois,…
Avec La comtesse des digues (1931), Marie Gevers (1883-1975) brode un éveil amoureux ludique qui, d’un contemplatif fil, unit ligne et cercle, en ce qu’il suit une intrigue annoncée tout en célébrant ce qui revient et reviendra toujours.
Dans ce premier roman vivifiant ancré dans la campagne flamande qui a vu grandir Marie Gevers, l’autrice francophone déploie un fleuve, l’Escaut, et ses nombreux aménagements. Autour de lui, des villageois aux esprits souvent étriqués et une jeune fille attachante, Suzanne, fille du Comte des digues et potentielle future candidate à ce titre, qui ne sait quel destin embrasser, convaincue toutefois de son plein amour fluvial.
Tel le plateau d’un jeu de société ou d’une maquette, le décor de ce roman se dessine et fascine.…
À la fois sauvage et contenu, classique et méconnu, La grande Marée (1943) est un voyage précis et poétique à travers les plaines de l’Escaut. Sous prétexte de marivaudage mêlé de récit initiatique, Marie Gevers pose un regard unique sur les intrications des humeurs humaines à celles du ciel et de la terre. À la fois sauvage et contenu, classique et méconnu, La grande Marée (1943) est un voyage précis et poétique à travers les plaines de l’Escaut. Sous prétexte de marivaudage mêlé de récit initiatique, Marie Gevers pose un regard unique sur les intrications des humeurs humaines à celles du ciel et de la terre. Dans une nouvelle de 1936, étendue en roman durant la guerre, Marie Gevers archive les désirs et les mœurs d’une famille qui fonctionne en cercle…
Dans Vie et mort d’un étang, l’auteure belge Marie Gevers évoque des fragments de mémoire où la nature, saisie dans la multiplicité de ses variations, est omniprésente. Dans Vie et mort d’un étang, l’auteure belge Marie Gevers évoque des fragments de mémoire où la nature, saisie dans la multiplicité de ses variations, est omniprésente. Récit autobiographique, Vie et mort d’un étang peut se résumer comme le tableau d’une vie en trois temps, passée dans un même lieu : la demeure familiale de Missembourg à Edegem, où Marie Gevers passera pratiquement toute son existence et qui nourrira toute son œuvre. Un seul lieu donc, mais trois temps d’écriture particuliers qui donnent au récit trois formes narratives différentes. Mais de manière constante, la nature…