Mi-décembre à Bruxelles, à La Fleur en Papier Doré, salle Magritte à l’étage, Iocasta Huppen préside le kukaï #17, une rencontre de haïjin, auteurs de haïkus. D’une diction parfaite et d’une voix fluide, haute de gamme comme celle d’un oiseau délicat, l’auteure de 130 haïkus lit les tercets anonymisés des participants. Chacun a voté pour ses trois préférés parmi ceux du jour, surgis de contraintes ouvertes: l’hiver, thème libre, la fée Mélusine. Le gagnant est Alain Henry avec trois votes pour « Dernier voyage / mes valises / pas prêtes ».
Un haïku peut être mille choses à la fois ; toutes légères. Il est un exercice spirituel inspiré de son mentor japonais, nourri de règles ancestrales. Il est une gymnastique poétique comme un pas…
L’ouvrage se conclut par un pédigrée poétique plein de concours, publications et prix. Iocasta Huppen en est à son cinquième recueil de haïkus. Celui-ci, Oh, et puis zut ! est son deuxième chez Bleu d’encre. La couverture est un autoportrait composé de quatre cailloux et trois pommes de pins, et la quatrième de couverture annonce des « poèmes d’humour ». Cependant, les aspects techniques ne sont jamais loin car l’auteure est aussi animatrice d’ateliers d’écriture. Ainsi, elle explique que ses haïkus sont, dans cette publication, davantage des senryu, ce qui « a comme sujet principal les faiblesses humaines ».K + JPOUR TOUJOURSjusqu’à ce que l’arbre tombeSimilaire au haïku, la lecture d’un senryu se veut aussi légère que l’air respiré lors de sa…
Le jardin était d’orangers, l’ombre bleue, des oiseaux pépiaient dans les branches. Le grand vaisseau, tous feux allumés, avançait lentement, entre ces rives silencieuses.Yves BonnefoyL’errance et le voyage forment le matériau du ballast sur lequel s’appuie la ligne de fuite poursuivie par les éditions Partis Pour. Sans parti pris et avec le souci de proposer de beaux-livres, les éditions ont pour objectif d’embarquer le lecteur sur les chemins du monde à travers les itinéraires de femmes et d’hommes qui ont l’impulsion du départ rivée au corps.Un blog, des photographies et des livres illustrés pour donner le tempo de ces « marins de Terre naviguant au gré des mots, des panoramas» comme le souligne la présentation du site. Vers les confins du monde ou plus près…
Iocasta Huppen, autrice de haïkus (huit recueils à ce jour), aime à s’imposer la contrainte formelle pour déployer le poème. Ici, elle se donne pour consigne de composer des acrostiches à partir des 26 lettres de l’alphabet. De Abeille à Zone, elle décline en vers libres les évocations d’objets, de lieux, d’insectes, d’animaux. L’exercice, périlleux s’il en est, est mené avec agilité et grâce. Lorsque le recours à des mots rares ou savants s’impose, une note en bas de page, – il y en a 155 –, éclaire la lecture, faisant de cet ouvrage une mini-encyclopédie, un guide de voyages, un lexique illustré. Nous en savons davantage sur l’Aigle de Haast, la Nouvelle-Zélande (souvent évoquée), Copenhague, New Delhi…On connaît la contrainte : l’acrostiche…