Deux événements minuscules se produisent à ce moment-là. Une mouche, soudain piégée au cordon de glu qui pend du lustre au-dessus de ma tête, se met à vibrionner. Sa lutte désespérée me vrille les oreilles. En même temps, une mésange vient se poser au bord de l’appui de fenêtre extérieur. (…) Ma gorge se serre. (…) Je n’en peux plus de cette immobilité. Si je ne bouge pas, le tourbillon qui emporte le sourire de ma grand-mère (…), l’ordre et le décor figés de la pièce à vivre, (…), je glisserai avec eux dans la mort, l’extinction. Des fois, tout se décide sur un coup de tête. Irréfléchi. Comme une réponse, pas du tout attendue, aux aléas ou aux impasses de la vie. À la lecture d’Écrire en marchant, on se dit…
« Photographier, c’est écrire avec la lumière. »« Un paysage aimé ne vous quitte jamais. Même à des kilomètres et des années de distance, un paysage, c’est d’une fidélité inébranlable. »Par petites touches fines et sensibles, Chantal Deltenre, écrivain, ethnologue, amateur passionné de photographie – ses clichés évocateurs jalonnent son dernier livre – nous rend proche, presque chère, son héroïne.Où part l’amour doit son titre aux derniers mots, en suspens, d’un rêve dont se réveille C., cinquante ans, qui se partage entre ses enquêtes ethnologiques et ses photographies, son mode d’expression privilégié.L’auteur nous dévoile « l’histoire d’une femme qui aimait une image, l’image d’un homme ».Ce Jacques C., médecin engagé dans la…
Comment imbrique-t-on dans sa mémoire les souvenirs, doux ou douloureux ? Comment faire pour qu’ils se transfigurent, se floutent et ne nous digèrent pas tout cru ? Dans La Forêt-Mémoire, la narratrice, encore enfant, a planté à son seul usage une canopée sensible imaginaire. Au plus profond, comme dans autant de boules à neige, elle peut à loisir éteindre ou animer les scènes qu’elle a vécues : Grande, la mamy aimante, en train de raccommoder un chandail. Grand, le pépé communiste, feuilletant Le Drapeau Rouge en quête d’une nouvelle manif où il l’emmènerait. La Ducasse d’Ath et ses Géants au dernier week-end d’août, les bords de la Dendre et la statue de Saint Antoine, qui veille sur la plus jeune occupante de la maisonnée. Il reste malgré tout des paysages…
Ethnologue, écrivaine, autrice de La maison de l’âme (Editions Maelström, 2010), Chantal Deltenre livre dans Camp Est un journal de terrain qui évoque la mission d’observation ethnograhique en milieu carcéral dont elle a été chargée. Étrangère à la culture kanak, au monde calédonien et extérieure à l’institution pénitentiaire, elle côtoie durant un mois le « Camp Est » situé sur l’île de Nou, une prison de Nouméa dont elle décrit et analyse le fonctionnement, les cercles de violence physique, structurelle, sociale, symbolique, mais aussi les enjeux et l’impensé. Le récit est avant tout celui d’un dépaysement, d’un saut dans un monde doublement inconnu (culture kanak, monde mélanésien et espace carcéral), d’une attention à la dimension coloniale…
Dans Où part l'amour, Chantal Deltenre emporte son lecteur dans le monologue intérieur d’une héroïne sensible à la recherche de l’autre. Un roman poétique naviguant entre inattendu et inespéré, qui nous apprend que la vérité coexiste avec l’inachevé.
« Où part l’amour » est une phrase laissée en suspens qui est apparue lors d’un rêve… Celui de l’auteure, celui de l’héroïne ? Dès le départ, l’ambiguïté est posée et peut-être même que la question n’a pas à être formulée puisque, dans ce récit, tout est personnel comme fictif : l’héroïne partage des caractéristiques étrangement similaires à l’auteure comme par exemple son métier d’ethnologue, mais son prénom n’est en revanche jamais cité, son identité n’étant ainsi jamais…