Anne Herbauts ne fait pas les choses comme tout le monde. Dans ses livres, les merles sont des virgules, les mots deviennent images et les dessins sont écrits. Elle utilise une grammaire différente de la nôtre, faite de papier et de matière, un vocabulaire fait de cabanes, de chaises et de théières. Elle dessine le vide. Elle écrit avec le silence. Portrait d’une ni-illustratrice ni-autrice qui fait de grands livres pour les petits.
Née en 1975 à Bruxelles, Anne Herbauts garde de son enfance le goût des lettres et l’amour des livres. Feuilletés, lus à haute voix, ils ouvrent un monde à l’enfant qu’elle est alors et qui se délecte de la sonorité des mots. Très jeune, elle s’intéresse aux Arts plastiques et entreprend ensuite des études à l’Académie…
Anne HERBAUTS, Je ne suis pas un oiseau, Esperluète, 2019, 80 p., 22 €, ISBN : 9782359841091 L’horizon n’est à personne. Il recule. Ne cesse. Et des ciels beaux d’opéra, lambeaux, tomberont, tragiques, sur une espérance inimaginable. Il a fallu du temps à Anne Herbauts pour parvenir à parler d’un sujet qui s’imposait à elle, mais qui, par sa gravité, ne pouvait ni être pris à la légère, ni être traité de façon conventionnelle : les migrants, le déracinement imposé. On en parle à toute les sauces, les médias mettent sur le sujet des mots qui déshumanisent, qui enferment. Comment parler des migrations humaines au sens large, en se soustrayant à l’emprise de l’actualité ?Pendant trois ans, l’autrice a glané des éléments qui faisaient sens. Mots,…
Anne HERBAUTS, En coup de vent, Casterman, 2019, 64 p., 13,95 € / ePub : 9.99 €, ISBN : 9782203181182« En retard, je vais être en retard ! », s’exclame le lapin blanc du roman de Lewis Carroll. Anne Herbauts, qui a autrefois illustré Alice aux pays des merveilles (dans une très belle édition publiée en 2002 chez Casterman), en met un extrait en exergue de cet album sans texte.Elle a eu juste le temps d’entendre le Lapin dire, en tournant un coin : « Par mes oreilles et mes moustaches, comme il se fait tard ! »L’hommage étant posé, l’autrice-illustratrice peut s’affranchir de l’univers carrollien et jouer avec son personnage. Enfin, presque le même personnage, puisque dans En coup de vent, il s’agit d’un lapin noir, et non pas blanc. S’agit-il…
Anne HERBAUTS, Ni l’un ni l’autre, Casterman, 2020, 32 p., 15,90 € / ePub : 10.99 €, ISBN : 9782203207578Ni l’un ni l’autre, le dernier album d’Anne Herbauts est joyeux, entrainant, et une vraie déclaration d’indépendance des jeunes enfants auxquels il s’adresse. Eux qui sont souvent comparés à papa ou maman (dont ils auraient les oreilles, le nez ou le caractère), définis par ceux-ci, étiquetés malgré eux, se développent pourtant en tant qu’individus dotés d’une personnalité qui n’appartient et ne ressemble qu’à eux. Et c’est ce que nous rappelle cet album tout en couleurs.Un enfant se raconte, au fil d’une journée dont on suit les étapes : s’habiller, manger son petit-déjeuner, jouer, ranger, courir partout, se promener, et enfin rentrer…
Que disent de nous les lieux que nous abandonnons ? Que dit un foyer de la personne qui y a vécu ? Les objets gardent-ils d’elle une empreinte, une présence ? Dans son dernier livre, aNNe herbauts raconte l’absence, celle d’Hadda, à travers l’exploration de son appartement. Sans jamais représenter personne, en choisissant de n’illustrer que les pièces et tout ce qu’elles contiennent de matériel, l’autrice-illustratrice boitsfortoise réalise le tour de force de livrer un album touchant, d’une grande humanité. De la cuisine au salon, en passant par le balcon et le corridor, le regard se pose sur tout qui a fait la vie d’Hadda, grand-mère que l’on devine décédée récemment, et à travers ces objets posés, chaises autour de la table, lunettes sur une cheminée,…
Ce n’est pas un mais deux albums d’Anne Herbauts que publie l’éditeur belge Esperluète. Ou, plus exactement, deux livres en un seul et singulier objet : un livre à deux entrées, qui, par un habile jeu de reliure, se lit de façon telle que, lorsqu’on en termine un et qu’on le referme, on se trouve face à la couverture de l’autre. Fidèle à son habitude, Anne Herbauts joue avec la matérialité du livre en en créant deux dos-à-dos (l’un dédié aux mamans et aux papas, l’autre aux papas et aux mamans). Et comme d’habitude, le dispositif adopté fait pleinement sens.Ces deux albums se répondent, se complètent. À la première lecture, ils paraissent très simples dans leur narration. Les koalas ne lisent pas de livres présente sur chaque page de gauche un nom commun…
Le dernier livre d’aNNe herbauts épouse la forme d’une matriochka, dont il porte le joli nom. Pour réaliser cet étonnant tout carton, l’autrice-illustratrice belge s’est amusée à adapter d’autres caractéristiques d’une poupée russe. Comme le jouet en bois, le livre est séparé en une partie supérieure, dont les pages s’ouvrent vers le haut, et une inférieure, dont les pages s’ouvrent vers le bas. Ainsi, elles peuvent se feuilleter indépendamment les unes des autres, à la manière d’un livre méli-mélo, ce qui offre aux lecteurs la possibilité de créer autant de lectures que les règles de probabilité le permettent, soit une abondance d’interprétations, ou, s’ils le préfèrent, de suivre une lecture linéaire qui s’avère riche en sens et d’une grande…
aNNe HERBAUTS, Mamie Manga, Pastel, 2023, 80 p., 10 €, ISBN : 9782211331838Aya le tigre accompagne Mamie au supermarché. Entre la liste des achats (tous les rêves sont permis !), le caddie (faire la course dedans ou pas ?), les bonbons (en avoir ou pas ?), la rencontre avec la voisine (et son caniche blanc, Tofu), la traversée du passage piéton (attendre le feu vert ou pas ?), le goûter des mamies (et Mong, le chien de madame Moka) et les mots croisés dans le canapé (félin en cinq lettres ?), cela en fait, des aventures ! Mamie Manga, le nouveau livre d’aNNe herbauts, alterne entre deux types de narration. L’une, celle de la mamie, est classique : un texte écrit sur la page de gauche, une illustration sur celle de droite. L’autre, celle du tigre, reprend les codes…
Est-ce un livre ? Est-ce jeu ? Est-ce un concentré de poésie ? Oui, oui, et oui ! Miettes, moineau, ribouldingue, la dernière publication d’aNNe herbauts aux éditions Esperluète, est tout ça à la fois, mais est avant tout le prolongement d’une exposition-jeu conçue par l’autrice-illustratrice et son éditrice, Anne Leloup, à l’initiative du Service général des Lettres et du Livre de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui lui a décerné le Grand prix triennal en littérature de jeunesse 2021-2024. aNNe herbauts ne souhaitant pas d’exposition classique, du type rétrospective de son œuvre, elle a préféré inviter les visiteurs, principalement des enfants, à jouer avec ses livres. Ainsi, un jeu de l’oie géant, tout en bois et en forme de gros chat, trône sur le…