Au milieu d’un hiver pluvieux, une petite fille aux cheveux de jais s’amuse chez elle. Éparpillés dans la pièce, des Playmobil et des animaux en plastique, des maisons de poupée, une voiturette bleue, un croissant non entamé jonchent le sol. Elle, elle sourit et agite deux figurines féminines s’affrontant lors d’un match de football en miniature. C’est le sport préféré de la fillette, elle adore y jouer dans le jardin, ce que le temps ne permet pas ce jour-là, les gouttes et le vent étant de la partie. Alors elle décide d’enfreindre une des règles de la maison. Elle s’avance sur les carpes bleues du tapis douillet, ignore le regard circonspect du chat et attrape son ballon en cuir. La joie de la transgression est hélas de courte durée : elle casse le vase préféré…
G travaille comme assistante sociale dans un centre pour mineurs. D’apparence coquette et sportive, fana de selfies, elle dénote avec l’image qu’on se forge d’une professionnelle du domaine, qu’on voudrait les cheveux gras, le sourire éteint et les épaules ployées par la lourdeur des vécus auxquels elle se frotte. Et pourtant G se démène corps et âme pour ses protégés, s’investit dans leur existence cabossée, oublie ses plans personnels, happée qu’elle est par sa mission d’aide à autrui. À cause de son salaire de misère, elle se voit contrainte d’habiter chez ses parents, modestes et aimants, et d’écouter les sermons de ses amies inquiètes de sa situation, sans pour autant se résoudre à cesser sa quête sisyphéenne : « Je sais que mon travail c’est…