Catherine Tilmant, Maman, éditions du Caïd (expo)

Catherine Tilmant expose les œuvres qui ont donné vie au livre éponyme "maman", publié aux éditions du Caïd.
Un ouvrage d'une douceur infinie qui plonge dans l'intime interprétation de la perte de l'être à qui tout à chacun doit la vie.
Un mélange de photographie et de dessin associés, reproduits en sérigraphie dans des tons de tendresse révélant la beauté du lien mère - fille. Une fin choisie en temps et en lumière, qui semble avoir guidé ceux qui restent vers un deuil plus paisible. Compter le temps qu'il reste, conter les images que les derniers instants vécus précieusement, laissent.

{ C'est arrivé. Alors j'ai tenté de parler de ce voyage, celui de l'accompagnement et du vide, portée par des interrogations. Comment trouver son chemin? Comment transposer le chagrin, celui de la perte, pour en extraire l'essence? Comment énoncer l'indicible, celui d'un départ vers l'Au-delà?
L'Au-delà de notre mère, qui a demandé l'euthanasie et qui, dès lors, a transfiguré son départ en une danse qui fut tour à tour douce et cruelle, faite d'amour et de rosée }
__Catherine Tilmant

{ À la question "pourquoi écrit-on?" se substitue parfois celle-ci: "pour qui?" Au début il y a une mère. Qui, face à un diagnostic sans appel et en hommage à la vie, décide une mort lumineuse, plutôt que de sombrer en un naufrage dégradant. Or, à ses côtés, il y a sa fille, qui écoute cette décision et qui comprend que face à l'être cher, les jours, désormais, sembleront trop courts. Mais le décompte rapide qui s'ensuit suscite en elle des images: au creux des regards échangés, des mots murmurés, des gestes protecteurs et de l'attention qu'elles se portent l'une à l'autre, elle esquisse alors une broderie, dédicace à cette mère qui s'en va. De nouveaux enjeux affleurent: oser poser un regard doux et vrai sur ces "Choses de la Vie", convier l'enfance, en préserver le souvenir sans jamais enfermer. Pour apprivoiser la peine, elle la transforme en une série d'impressions fragmentaires du réel, tendres et poétiques, créant un ensemble de sérigraphies qu'elle module en suivant le rythme de l'Adieu, évoquant sa brièveté; ensemble qui donne à entrevoir ce qui se joue à la frontière entre ce qui était et qui bientôt ne sera plus. A contre-pied du deuil et de ses incisions, sa couleur et ses brumes apaisent l'inquiétude, réconfortent les tremblements, tandis que les silences et les blancs appellent la clarté. Elle a choisi pour sa boite à musique des parois tendues qu'elle habille de soies roses, sous lesquelles se devine la pulsation de deux cœurs: à l'infini… }
__Nathalie Tilmant